Le secteur pharmaceutique est, pour l’instant, «épargné à toute éventuelle hausse de taxes» au niveau de la douane. C’est du moins ce que confirme le président du syndicat national des pharmacies privées. Dans un entretien accordé à Al-watwan, lundi 13 octobre, Docteur Idjabou Ben Ali a indiqué que la direction des douanes ne leur a pas notifié d’un quelconque réaménagement des taxes que les pharmacies s’acquittent pour dédouaner les médicaments.
«Avant même que les commerçants n’annoncent une grève, nous nous étions penchés sur la question. Je me suis par la suite rapproché des douanes pour en savoir un peu plus sur les hausses annoncées. Il nous a été confirmé qu’aucun changement de tarifs n’était à l’étude pour les médicaments. Du coup, nous n’avons pas jugé nécessaire d’engager des démarches quelconques sans pour autant détourner le regard sur l’évolution de la situation», a d’abord expliqué le président du syndicat national des pharmacies privées, avant de préciser au passage que leur secteur est bien règlementé, contrairement aux autres commerces ordinaires. Le 1er octobre, les chauffeurs et les commerçants ont observé une grève qui a paralysé la capitale.
Deux régimes spécifiques
La majorité des commerces avaient fermé. Le syndicat national des commerçants, qui est actuellement en discussion avec les autorités, contestait les répercussions tarifaires nées après l’adoption d’un nouveau mode de calcul de trois taxes. «Nous n’étions pas informés de l’organisation d’une grève mais nous avions pris les dispositions en raison de la sensibilité de notre domaine pour qu’il y ait une pharmacie assurant la garde si jamais les pharmacies devaient fermer », a révélé docteur Idjabou, propriétaire de la pharmacie Yassine, sise à Moroni, quartier Ambassadeur.
Selon lui, les pharmacies disposent de deux régimes au niveau des douanes et bénéficient, grâce à l’État, des tarifs préférentiels pour certains médicaments. «Puisque jusqu’ici personne n’a constaté une hausse, nous considérons qu’il n’y a pas lieu de polémiquer. Je ne dis pas que jamais il n’y aura d’augmentation, mais pour le moment, les montants que nous payons sont restés inchangés. Nous n’agirons qu’en fonction des mesures qui seront annoncées », explique Docteur Idjabou Ben Ali. Notons que le pays dispose de deux instances qui régissent les pharmaciens. D’un côté, le conseil de l’ordre des pharmaciens qui regroupe toutes les pharmacies privées implantées sur l’ensemble des îles. On y retrouve les pharmaciens privés, ceux qui travaillent dans l’administration et enfin les autres exerçant dans le public (Ocopharma et consorts). Il y a, de l’autre, le syndicat, dirigé depuis deux mois par docteur Idjabou, qui réunit toutes les pharmacies privées.
«Notre but est de fournir des médicaments à des prix accessibles. D’ailleurs, durant mon dernier voyage de prospection, je me renseignais sur les possibilités d’importation des produits indisponibles en France où la plupart des pharmacies s’approvisionnent. Car, il arrive aussi qu’un médicament soit cher en France qu’ailleurs. S’il y a une alternative, on doit la trouver. C’est dire que nous ne sommes pas là que pour porter nos propres revendications », a expliqué le syndicaliste. Élu pour un mandat de deux ans, renouvelable, une seule fois, docteur Idjabou fait partie de ceux qui s’approvisionnent en France. «Là-bas, la règlementation est stricte. Moi, je traite avec 12 fournisseurs, mais tous les ans, je dois envoyer les documents prouvant que je dispose toujours des autorisations nécessaires, malgré une collaboration qui perdure depuis 17 ans. Secundo, en cas d’alerte, si un médicament est interdit même temporairement, ils m’informent. Enfin, le fait que les notices soient en français favorise à la fois les professionnels et les usagers. Ce sont quelques-unes des raisons pour lesquelles je préfère acheter les médicaments en France», fait valoir le propriétaire de la pharmacie Yassine.