Une semaine après le cambriolage de la Caisse nationale des retraites, l’affaire n’est toujours pas tirée au clair. Si les quatre employés (le chef comptable, ses deux assistants et le gardien), encore en garde à vue la semaine dernière, sont placés actuellement sous mandat de dépôt, le flou demeure quant aux 18 millions qui se sont carrément volatilisés du coffre dans la nuit du mardi au mercredi 3 janvier. Ni la porte ni le coffre n’ont en effet été forcés. Le juge d’instruction du parquet de Moroni s’est maintenant saisi de l’affaire.
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Pourquoi une aussi grosse somme d’argent a été gardée dans les locaux de la Caisse et pas dans une banque ? Telle est la principale question qui taraude nos concitoyens.
La directrice de la Caisse des retraites des Comores, Charif Assiata, a consenti, hier mardi, à y apporter des points d’éclaircissement. “Le paiement se fait de deux façons, soit par virement soit (la grande majorité) en espèces. Lorsque j’ai pris les rênes de la Caisse courant 2016, j’ai sollicité en Conseil d’administration à ce que le paiement se fasse exclusivement par virement pour palier justement aux risques liés aux liquidités.
Mais cela n’a pas pu se faire, pour la simple raison que les retraités ont souhaité être payés en espèces. Nous avons dû nous plier à leur requête vu que la plupart d’entre eux sont très âgés et ne peuvent affronter les longues queues de la Snpsf”, explique-t-elle.
Informatiser les paiementsD’ordinaire le montant est réduit au bout d’une semaine de paiement, mais le vol a été commis trois jours seulement après le début du processus, ce qui explique pourquoi il y a eu autant de liquidités, poursuit la directrice de la Caisse.
D’autant que “les retraités ne se présentent pas en masse pour récupérer leur dû, mais viennent par petites vagues”. Charif Assiata assure, malgré le blocage des retraités, que “le montant de paiement par virement est passé, depuis sa prise de fonction, de 31 millions à environ 100 millions de francs comoriens”.
Cette forte réduction du montant du paiement en espèces est due au fait que, depuis janvier 2017, elle “exige à ce que tout nouveau dossier soit complété par un compte de virement”.
Le paiement des retraités, bloqué un certain temps suite à cet incident, a depuis repris. “La situation a été débloquée. Nous avons puisé dans notre compte de réserve localisé à la Snpsf pour boucher le trou”, indique Charif Assiata.
Le compte en question disposerait d’un solde équivalent à deux mois de pension, soit plus de 200 millions de francs. “Le compte de réserve est essentiel à toute maison de sécurité sociale, au cas où l’État ne parviendrait pas, pour une raison ou une autre, à payer. Jusqu’à l’année dernière, il n’en existait pas à la Caisse de retraite des Comores”, renchérit-elle.
Dans le but de renforcer la sécurité, afin que ces genres de dérives ne se reproduisent pas, la directrice de la Caisse nationale de retraite affirme avoir interpellé l’association des retraités pour qu’elle sensibilise ces derniers sur l’importance de disposer d’un compte en banque, quitte à ce qu’ils fassent des procurations à défaut de pouvoir se rendre à la Snpsf. La même démarche est utilisée par les retraités qui ne peuvent pas se présenter aux locaux de la Caisse pour récupérer leur paie.