L’obtention de la carte professionnelle des journalistes est un enjeu de taille pour la reconnaissance et la légitimité des professionnels des médias aux Comores. Mais à seulement quelques heures du délai limite pour le ramassage des dossiers de demande, des voix s’élèvent au sein de la profession pour dénoncer la complexité de la procédure en vigueur, jugée en décalage avec les réalités du terrain.
Moustafi Youssouf Mohamed Sambauma, journaliste à la Radio Télévision de Mbeni Comores (Rtmc), exprime son exaspération face à une procédure qu’il qualifie de «complexe et chronophage». Selon lui, le délai imparti d’un mois, suivi de quinze jours supplémentaires, demeure insuffisant pour satisfaire aux nombreuses exigences administratives. La collecte des pièces, telles que le casier judiciaire ou le bulletin de salaire, se révèle particulièrement longue, prolongeant encore davantage le processus.
De plus, le coût de la carte, fixé à quinze mille francs, est perçu, toujours par Moustafi, comme excessif, dépassant même celui de la carte d’identité nationale. «Jusqu’à présent, je n’ai pas encore terminé de constituer mon dossier, alors que la date limite approche. J’espère qu’on prolongera cette date», a-t-il confié, hier mercredi.
Abdoulhakim Hakim, journaliste à la Radio Ngazidja, partage cette inquiétude. Il estime que la Cnpa devrait revoir les délais accordés, d’autant plus que de nombreux journalistes ont attendu les recommandations du Syndicat national des journalistes, en négociation avec la Commission d’attribution de la carte, pour un allégement de certaines procédures. «Je n’ai pas encore réuni tous les éléments de mon dossier», regrette-t-il.
Face à ces critiques, Abdillah Saandi Kemba, secrétaire général de la Commission, défend la procédure en place. Selon lui, le temps accordé a été raisonnable, d’autant plus qu’une campagne de sensibilisation a été menée dans tout le pays pour informer les journalistes des étapes à suivre et des documents requis.
Cette initiative visait à faciliter la compréhension de la procédure et à encourager un taux de réussite élevé lors des demandes. «Près de cent soixante dossiers ont été déposés dans les médias. Et nous estimons qu’à la date limite, la Cnpa aura collecté entre 70 et 80 dossiers», précise-t-il.
Saïd Toihir