Cela fait aujourd’hui 39 ans que la centrale hydroélectrique de Miringoni, construite par des Allemands en 1985, existe. Jusqu’en l’an 2000, soit 15 ans après sa mise en service, elle fournissait de l’électricité avec une puissance maximale de 17 kVA (kilovoltampère). Miringoni reste la seule localité de l’île à avoir utilisé une énergie produite à partir d’une source naturelle, l’eau. Cette machine hydroélectrique permettait un approvisionnement électrique 24h/24h, avec une couverture de réseau atteignant 100 %.
D’après Attoumane Mahoma, habitant de Miringoni, la centrale a commencé à montrer des signes de dysfonctionnement au début des années 2000. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette déconvenue, mais la forte croissance démographique du village semble avoir joué un rôle important dans le déclin de la couverture électrique. «Le village s’est agrandi et plusieurs foyers demandent du courant, alors que la production de la centrale est très limitée. Pendant 10 ans, nous avons vécu avec des coupures d’électricité à Miringoni. Ceux qui en avaient les moyens ont installé des panneaux solaires chez eux», raconte-t-il. Depuis l’installation d’un réseau photovoltaïque par la Société nationale d’électricité des Comores (Sonelec) à Ndrondroni, un village situé à une dizaine de kilomètres de Miringoni, ce dernier est alimenté par le courant produit par la centrale thermique de la Sonelec à Fomboni. Un raccordement souterrain relie les deux localités, dans le but de renforcer l’approvisionnement. Selon un technicien de la Sonelec, cet accouplement entre l’énergie solaire du réseau photovoltaïque et l’énergie thermique de Fomboni permet de réduire la consommation de gasoil à la centrale de Fomboni tout en augmentant la production d’électricité.
Malgré cette ingénieuse solution, la centrale hydroélectrique de Miringoni, raccordée à ce réseau pour alléger la charge électrique, a fini par tomber en panne quelques mois plus tard, sans qu’une raison n’ait pu être relevée. Aujourd’hui, elle est considérée comme un patrimoine historique du village. La communauté locale avait envisagé de la réparer pour alimenter en électricité le terrain de football, et permettre ainsi aux jeunes de s’entraîner le soir, mais ces travaux sont également en suspens. Il s’agit d’une perte regrettable pour une petite île où le besoin en énergie à moindre coût est criant, alors que les sources hydrauliques sont toujours présentes.
A. Housni