Une période de chaleur intense persiste depuis quatre nuits consécutives dans le nord de Ngazidja, représentant un risque sanitaire pour les populations vulnérables. Il est rare de voir des fenêtres fermées le soir, alors qu’habituellement, la nuit est le moment de sécuriser les habitations. Cette situation oblige de nombreux habitants du nord de l’île à changer leurs habitudes.
Un homme d’une cinquantaine d’années, récemment menacé par un accident vasculaire cérébral (Avc), exprime ainsi son inconfort : « Mon sommeil est gravement perturbé par cette chaleur. J’arrive difficilement à me reposer et suis obligé de dormir sous les étoiles. Il est insupportable de rester à l’intérieur. Je passe mes journées sous les badamiers pour être à l’aise», confie-t-il.Le phénomène n’est pas inexpliqué selon les météorologues. Selon Abdoulwahab Mohamed Toihir, chef du service de climatologie et d’observation météorologique de l’Agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie (Anacm), il y voit dans ce phénomène une conséquence du réchauffement climatique.
De l’hiver austral au printemps
Il a précisé que «la température cette année a augmenté de 2,4 % par rapport à la normale climatologique, soit la moyenne des 30 dernières années» (1991-2020).Il ajoute que la température la plus élevée d’octobre, à 35 °C, a été relevée dans le nord de Ngazidja. D’après les données météorologiques, ce mois d’octobre est le troisième plus chaud des quarante dernières années, le record étant détenu par 2019 avec une anomalie de +1,9 °C. « Cette année, nous avons observé une anomalie de +1,44 °C », indique-t-il, ajoutant que le pic de 2024, à 36,2 °C, a été enregistré le 12 mars à l’aéroport de Hahaya.
Pour expliquer cette canicule, Abdoulwahab Mohamed Toihir évoque la transition saisonnière. La chaleur d’octobre est due au passage de l’hiver austral au printemps (saison chaude). «Le corps met du temps à s’adapter à cette nouvelle saison. En outre, les pluies tardives de septembre ont enrichi l’atmosphère en vapeur d’eau par évaporation des eaux souterraines et de surface chauffées par le soleil, augmentant ainsi la température ambiante », détaille-t-il. Enfin, il compare la température de cette année à celle de l’année dernière, rappelant que le record de 2023, à 36,9 °C, a été relevé dans le nord de Ngazidja le 27 décembre. «Ce record dépasse de 0,7 °C celui de cette année. Cependant, l’année 2024 n’étant pas terminée, il est encore possible que de nouvelles températures élevées soient atteintes dans les deux prochains mois», conclut-il.