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Chaînes de valeurs agricoles I Une réflexion pour mettre le numérique au service de l’agriculture

Chaînes de valeurs agricoles I Une réflexion pour mettre le numérique au service de l’agriculture

Société | -   Mairat Ibrahim Msaidie

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Ces travaux qui prendront fin ce jeudi 9 octobre devraient permettre de renforcer les compétences des acteurs du secteur, d’encourager l’innovation et de créer des synergies entre institutions publiques, entreprises, start-ups et partenaires techniques.

 

Les travaux de l’atelier national sur le renforcement des chaînes de valeur agricoles et de la sécurité alimentaire grâce aux outils numériques ont été officiellement ouverts ce mardi 7 octobre, à l’hôtel Le Retaj à Moroni. Organisé par le ministère de l’Économie, de l’industrie, des investissements, chargé de l’intégration économique, en partenariat avec la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (Cea), cet atelier de trois jours vise à «accélérer la digitalisation du secteur agricole comorien et à promouvoir des solutions innovantes pour une meilleure sécurité alimentaire». Les travaux devraient permettre de «renforcer les compétences des acteurs du secteur, d’encourager l’innovation et de créer des synergies entre institutions publiques, entreprises, start-ups et partenaires techniques ».


Le secrétaire général du ministère de l’Économie, Djamil Boinali, a salué l’appui constant de la Cea à l’Union des Comores, soulignant que cette initiative arrive à un «moment charnière pour le pays». «La digitalisation de l’agriculture constitue une opportunité stratégique pour renforcer la productivité, améliorer la traçabilité des produits et relier directement les producteurs aux marchés régionaux et continentaux », a-t-il précisé. Il a rappelé que plus de «70 % de la population active comorienne travaille dans le secteur agricole, qui contribue à près d’un tiers du PIB». Cependant, selon lui, «les défis demeurent nombreux», citant notamment « la faiblesse de la productivité, la dépendance aux importations alimentaires et les pertes post-récolte».

Il ajoute : «Le numérique peut être un puissant levier de transformation, permettant d’intégrer pleinement les filières agricoles comoriennes dans la Zone de libre-Échange continentale Africaine (ZleCaf) et le Comesa, offrant ainsi un accès privilégié à un marché de plus d’un milliard de consommateurs». Et de rappeler les réformes engagées par le gouvernement, sous l’impulsion du président Azali Assoumani, pour «faire du numérique un pilier de la transformation économique avec la libéralisation du secteur des télécommunications», la mise en œuvre du programme «Comores Numérique 2028» et la création de l’Anadem, désormais pleinement opérationnelle.

Une dynamique déjà à l’œuvre

Ces initiatives traduisent selon toujours Djamil Boinali, une ambition claire qui est de «bâtir une économie connectée, inclusive et compétitive, au service du développement productif et de la création d’emplois». Notons que la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (Cea), à travers ce projet pilote, déployé dans cinq pays africains, (les Comores, le Congo-Brazzaville, la Côte d’Ivoire, le Malawi et l’Ouganda), mise sur les outils numériques comme «solution rapide pour améliorer la circulation et la commercialisation des produits agricoles».

L’économiste des Nations-unies, Simone Assah Kuete précise que l’objectif est de «réduire les pertes post-récolte, maximiser l’accès à l’information et renforcer la connexion entre producteurs et consommateurs». Le technicien ajoute : «Imaginez un transformateur de banane à Moroni qui sait en temps réel qu’à Anjouan, il y a une forte production disponible. Grâce aux plateformes numériques, il peut s’approvisionner rapidement et réduire les pertes», a expliqué Simone. Pour sa part, le directeur général de l’Inrape, Hamza Abdou Azali, a mis en avant «les avancées» du ministère en matière de digitalisation des services.

«Depuis plusieurs années, nous avons entamé l’enregistrement électronique des professionnels de l’agroalimentaire et mis en place un système d’agrément et de permis d’importation digitalisés», a-t-il souligné. Les prochaines étapes, selon lui, consisteront à «créer une base de données nationale et à doter les producteurs agricoles de cartes professionnelles numériques».
Les participants n’ont pas manqué de souligner la dimension inclusive du projet. «Lorsque je me suis lancée dans l’agroalimentaire à Mwali, j’avais du mal à écouler mes produits. Grâce à la plateforme «Namjecommerce», j’ai pu participer à une foire numérique en ligne, ce qui m’a permis de me faire connaître et de développer mes ventes», témoigne Chamsia Toihir, entrepreneure. Son témoignage illustre le rôle croissant des jeunes et des femmes entrepreneurs dans la digitalisation des filières agricoles comoriennes.

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