A Ndzuani, le début du mois de Ramadhwani n’a rien changé à la cherté des produits vivriers. Toutefois, des initiatives naissent de part et d’autre pour essayer d’endiguer ce mal, dans la mesure du possible. Ainsi, à une journée du début du mois sacré, une foire de produits agricoles moins chers est organisée à Mutsamudu par l’association Dahari. Cette initiative s’est invitée à Domoni avec l’organisation de trois jours de «marché spécial denrées moins cheres». Sur place, les acheteurs ont témoigné y avoir trouvé de la patate à 250 francs le kilo, du manioc et de la banane à 500 francs le kilo et des taros à 750 francs.
Les marchands autorisés à participer à ce marché sont les producteurs agricoles des Centres ruraux de développement économique (Crde) de Domoni et de Mremani. Abdallah Sourette, directeur du Crde de Domoni, précise que l’initiative est soutenue par le gouvernement (précisément le ministère de l’Agriculture), qui a notamment mis des véhicules à la disposition des producteurs, et même «subventionné certains d’entre eux».La lutte contre les denrées chères passe par l’encadrement de leurs prix. C’est le cas dans la commune de Wani, où le maire, Chaehoi Ali, a arrêté une grille des prix révisés à la baisse, applicable depuis le lundi 27 mars.
Une grille des prix révisés à la baisse
Dans cette ville, la banane doit coûter 500 francs le kilo, au lieu de 2 000 ou 3 000 le tas. Le manioc et la patate sont à 300 francs au lieu de 1 000 francs et les taros entre 800 et 900 francs au lieu de 1 250 francs le kilo ou 2 000 francs le tas. Les prix des poissons sont fixés entre 1 500 et 2 000 francs, selon le type. C’est une marchandise qui peut subir de fortes fluctuations, jusqu’à parfois descendre en dessous du prix officiellement fixé. Mais si le maire lui-même et certains citoyens se montrent contents du résultat, d’autres avis décrivent plutôt un jeu de dupes entre l’autorité municipale et certains marchands. «Il y a des vendeurs qui fuient le marché pour aller vendre leurs produits en cachette, dans les ruelles de la ville, aux prix prohibés», confie un citoyen, rencontré près du marché de Wani, le mardi. En tous cas, si les contrevenants se trouvent finalement contraints de pratiquer une vente à la sauvette, c’est que quelque part l’initiative du maire fonctionne, serait-on tenté de dire.
Il faut cependant dire que dans l’île, la surveillance et l’encadrement des prix peut s’avérer une tâche ingrate, contre ceux-là-mêmes qui l’exercent. A Mutsamudu, où le déploiement de policiers et gendarmes dans la rue s’est accru, il n’est pas rare de voir ces derniers, en dehors de leur mission principale de régulation de la circulation routière, tenter par la même occasion de «ramener à la raison» des marchands véreux. Mais la réaction des acheteurs eux-mêmes peut parfois surprendre. En voici une, recueillie au marché de Hampanga, le mardi 28 mars en milieu de journée. «Et alors ! Vous savez comment il l’a eu, ce taro ? Apportez le vôtre et vendez-le à ce prix!», aboie un des acheteurs agglutinés autour d’un certain Soundi, vendeur de taros importés de Madagascar. Le gendarme proposait en fait aux marchands de vendre le kilo de taro à 1 000 francs au lieu de 1 250, sachant que ces derniers l’obtiennent à 850 francs chez les importateurs.