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Chronique Bee mensuelle : Mesdames, mettons-nous en ordre de marche

Chronique Bee mensuelle : Mesdames, mettons-nous en ordre de marche

Société | -

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Je rêve d’une année 2018 comme d’un tournant dans l’histoire des droits des comoriennes. J’aimerais partager avec vous 5 initiatives qui pourraient en un an changer la donne.

 

1. La maison des femmes

Les femmes ont besoin d’un espace de vie en dehors de nos foyers. Cet endroit, je le rêve accessible mais à l’abri des regards, accueillant mais ouvert aux seules femmes et surtout espace de liberté centré autour de nos besoins.

Moyennant une modique somme d’adhésion à l’association gérant la structure, cette Maison des femmes offrirait divers services. Je pense à des spécialités auxquelles les femmes ont difficilement accès. On pourrait envisager des permanences gynécologiques, juridiques, théologiques, un écrivain public, des cours d’alphabétisation  à raison de quelques heures par semaine.

Que ces professionnels soient en mesure d’informer chaque femme sur ses droits, lui fournir une liste de spécialistes, cliniques, cabinets ou fundi compétents ou des refuges où une membre de l’association pourra vous mettre à l’abri de conjoints violents. Ce lieu donnerait accès à des contraceptifs, à un accompagnement dans des démarches administratives, nous réunirait en dehors des logiques mashuhulesques ou villageoises.

2. Le festival des femmes

On a beau tous connaître le 8 mars, rares sont les initiatives qui marquent les esprits et donnent lieu à un vrai changement. C’est tout sauf une fête et  rien de bon ne sort de célébrations guindées où du beau monde s’échange des platitudes, souvent, au mot près, les mêmes que les années précédentes.

Alors comment Les Comores pourraient-ils efficacement célébrer les femmes ? Partons sur une semaine de festivités au Palais du peuple avec un thème et un événement par jour.

Politique, vie familiale, la place des femmes dans la religion et la coutume, la jeunesse au féminin, histoire comorienne des femmes... Tous ces thèmes pourraient être abordés sous des formes différentes : pièces de théâtre, conférences, expositions artistiques, projection de films, concours d’écriture, spectacle de danse, compétitions sportives,  narration de contes... et la semaine se clôturerait avec un grand concert en l’honneur des  comoriennes!

3. Droits des femmes et des enfants
à l’école

Parler des droits des femmes, c’est bien. Enseigner aux plus jeunes ces principes pour qu’ils les intègrent au plutôt, c’est mieux. Un cours de civisme qui introduirait les enfants à leurs droits et devoirs en tant qu’enfant et futur homme ou femme.

Une note de contrôle continu à la fin de l’école primaire donnerait droit à des points bonus pour l’obtention du passage en 6ème. Au collège le même principe s’appliquerait en 3ème pour l’obtention du Bepc et en Terminale pour le baccalauréat. La violence, le consentement, les stéréotypes de genre autant de sujets qui devraient être abordés dans le cadre sécurisant de l’école sous la direction d’un professeur formé à ces questions.

4. Intersyndicale des femmes

Nombre de métiers sont extrêmement féminisés: vendeuses au marché, femmes de ménage, infirmières, assistantes, certains postes de  cadres dans le public comme le privé.

La création d’un grand syndicat des femmes qui regrouperait les travailleuses en groupes professionnels permettraient d’engager la discussion au plus haut niveau de l’état sur des aspects aussi concrets que les conditions de travail, la formation, les inégalités salariales etc.

Un Syndicat en tant qu’interlocuteur pour discuter mais également pour faire avancer des pans entiers de l’économie.

5. Bourses au féminin

À ceux qui pensent que le nerf de la guerre c’est l’argent, détrompez-vous : c’est l’éducation. Apprendre, penser, étudier, se spécialiser, actualiser ses connaissances. L’éducation, l’apprentissage et la formation sont cruciales pour une émergence solide, ancrée sur deux pieds, femmes et hommes qualifiés.

Dès l’école proposons une bourse (pour les établissements publics) ou une prise en charge de l’écolage (dans les établissements privés) des petites filles méritantes : les meilleures en sport, français, langues ou autre. Au collège ou au lycée où bon nombre de jeunes filles se trouvent dans l’obligation de ruser pour financer leur scolarité.

Des bourses multidisciplinaires au mérite permettraient à ces jeunes filles de se concentrer sur leurs études et leur avenir. En quelques années, une génération de comoriennes d’excellence viendra étoffer les podiums des compétitions sportives, les équipes de recherches dans les laboratoires, les étagères des librairies et tirer ainsi, nous avec elles, le pays vers le haut.


 Biheri

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