logo Al-Watwan

Le premier journal des Comores

Energies renouvelables à Mdjwayezi ya Mbude : Cinq ans après l’installation de trente mini-centrales solaires rien ne va plus

Energies renouvelables à Mdjwayezi ya Mbude : Cinq ans après l’installation de trente mini-centrales solaires rien ne va plus

Société | -   Nazir Nazi

image article une
Pour une stabilité énergétique, le gouvernement comorien entend se tourner vers les énergies renouvelables au point qu’un décret de promulgation portant “Energies renouvelables” a été signé au début de cette année. Cependant, certaines localités ne connaissent que l’énergie solaire comme source d’énergie. Financé par le gouvernement chinois, un projet de photovoltaïque, datant de 2013, a distribué 500 kits solaires aux Comores dans des villages où l’accès à l’électricité a jusqu’ici été un rêve.

 

Mdjwayezi est situé dans les hauteurs de la région Mbude au nord-ouest de l’île de Ngazidja. Le village fait partie des localités bénéficiaires du projet du gouvernement chinois sur les énergies renouvelables. C’est ainsi que Mdjwayezi s’est vu octroyé, comme sept autres villages de Ngazidja, 200 kits solaires en 2013.

Une initiative qui a permis à cette localité d’être alimentée pour la première fois de son histoire et ce à partir de trente kits, soit trente mini-centrales solaires. Cinq ans après l’installation, où en sont-ils ?
Hamidou Ahamada, un des responsables du village qui a assisté les installations et bénéficiaire dudit projet, constate que tous les panneaux solaires sont presque tombés en panne.

 

Juste la garantie de la lumière durant toute la nuit. La satisfaction a été que la première fois qu’on a eu accès à l’électricité ça n’a pas été celle de la Ma-mwe au moins durant ces cinq ans, personne n’a été accusée de fraude ou de non-paiement de l’électricité de la Ma-mwe. C’était toute une joie pour nous tous, surtout pour la gratuité, se rappelle-t-il.

 

Après trois années successives presque quatre, poursuit-il, les batteries sont anéanties dans certains ménages et pour d’autres maisons, ce sont les convertisseurs ou les panneaux qui sont en hors-tension. Mais, “ce sont les convertisseurs qui lâchent en premier. Plusieurs ménages bénéficiaires se servent aujourd’hui des batteries”, ajoute-il.

 

 

Le seul problème rencontré depuis 2013, pour Hamidou Ahamada, est le fait qu’il n’a pas été possible de créer de petites activités génératrices via le solaire. “Avoir cette énergie solaire avec la possibilité de pouvoir utiliser quelques équipements serait un vrai plus pour nous”, préfère-t-il en souriant.


Une mini-centrale pour six ménages

Chaque mini-centrale alimentait six à sept ménages, une décision prise par les villageois parce que chaque kit solaire a été équipé de deux panneaux photovoltaïques pour un taux de production de 200 watts. A la place publique du village, en évoquant le projet, certains se plaignent et accusent leurs voisins pour non-respect des consignes données par les techniciens lors de l’installation des mini-centrales à l’époque. Ce qui provoquait, à leurs yeux, des pannes au niveau de plusieurs groupements.

 

Des gens se permettaient d’allumer des téléviseurs, les ampoules et tout en chargeant les téléphones portables, regrettent certains jeunes.

 

A les en croire, lors de l’installation de chaque mini-centrale, les villageois ont été priés de n’utiliser que des ampoules et parfois le chargement des batteries téléphoniques.
Tout au début du village, Hafsoita Ali, couturière de la place, qui se servait de quatre ampoules électriques et d’un téléviseur dès le lancement du projet, est obligée aujourd’hui d’utiliser uniquement quatre lampes.

Néanmoins, elle reste persuadée que le système solaire a bel et bien rendu service à tout le village. Surtout que dans son quartier, le réseau électrique de la Ma-mwe n’est toujours pas encore arrivé. De nos jours, l’expertise pose problème.

”Il y a la batterie ou le convertisseur qui lâche peu à peu. Je souhaite réparer tout ça, mais on ignore comment procéder. Il me manque de la technicité. Il est nécessaire d’être assisté et accompagné pour mieux préserver des équipements pareils”, pense-t-elle. Malgré cela, elle arrive à effectuer ses travaux de couture pendant la nuit. Pour le moment, elle estime que les bénéficiaires ont besoin de conseils pour sauver les équipements qui fonctionnent. Ou “remplacer les éléments en panne”, lance-t-elle.


2013 est inoubliable

A quelques mètres de la grande mosquée, un cultivateur connu sous le nom d’Ahamada Mdahoma, insiste sur le fait que l’année 2013 est inoubliable à cause des avantages de l’installation du photovoltaïque dans presque tout le village.

 

Ça a permis aux enfants de réviser leurs leçons pendant la nuit sans aucune coupure. Mieux vaut le solaire que le courant de la Ma-mwe même si je ne pouvais pas me servir de certains appareils, compare-t-il.

 

Ce sexagénaire se rappelle d’une période pendant laquelle des responsables ont proposé la contribution de 75 000 francs pour la réparation et le renforcement de l’intensité de chaque mini-centrale. Mais, “personne n’a cru à ça.Presque les maisons éclairées actuellement par cette énergie solaire sont celles où la mini-centrale solaire a été installée”, dit-il.
 

Attente du réseau de la Ma-mwe

Agée de plus de 50 ans, Coco Mwana Mohamed, se soucie des six autres ménages qui ont été jadis éclairées par le kit solaire installé chez elle. Ce sont mes voisins qui vivent dans le noir alors que je vis autrement grâce à notre mini-centrale. Ça me met mal à l’aise. 

 

 

A l’entendre, tout le monde ne cesse de rêver du bon vieux temps où il n’y avait pas de coupure, ni de paiement. “J’aimerais les faire sortir du noir, mais les équipements ne vont pas supporter la charge”.

Cette femme quinquagénaire espère toutefois que le courant de la Ma-mwe va désormais permettre aux villageois de se servir des congélateurs et des fers à repasser. “Nous avons payé les demandes à hauteur de 72 mille francs”, s’impatiente Coco Mwana Mohamed. Malheureusement, ni le réseau ni les compteurs de la Ma-mwe ne sont installés.

Commentaires