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Cinquante ans d’indépendance I Des cadres de la diaspora entre fierté et changement rigoureux

Cinquante ans d’indépendance I Des cadres de la diaspora entre fierté et changement rigoureux

Société | -   Nassila Ben Ali

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À l’occasion du cinquantenaire de l’indépendance des Comores, plusieurs voix de la diaspora s’expriment. Entre «fierté», «espoirs déçus» et «appels à un renouveau politique», ces témoignages révèlent un profond attachement au pays et une volonté commune de bâtir un avenir plus juste et inclusif.

 

Me Maliza Saïd Soilihi


«Cette fête de l’indépendance, et plus encore ce cinquantième anniversaire, est à la fois un moment de célébration, de mémoire et d’introspection. C’est une fierté de constater que malgré les défis et les turbulences traversés, notre nation a su préserver son identité, sa souveraineté et son unité.
Mais c’est aussi un cap : 50 ans, c’est l’âge de la maturité. Il est temps d’oser un nouveau souffle politique, de renforcer nos institutions, de mieux inclure les femmes et les jeunes dans les décisions qui façonnent l’avenir, et de renouer avec les valeurs de justice, de transparence et de solidarité.
En tant que femme, avocate et citoyenne engagée, je souhaite que ce jubilé soit l’occasion d’une véritable alternance démocratique, à la hauteur des espoirs que nos aînés ont portés en 1975.»

IBRAHIM Mahafidh Eddine


«Un être humain qui atteint 50 ans sans emploi, sans foyer, sans descendance, sans cap… ne s’offre pas une fête grandiose. Il s’arrête, il s’interroge, il cherche un sens à sa vie. Il médite sur ce qu’il aurait pu être, et sur ce qu’il peut encore devenir. Aujourd’hui, notre chère Nation, les Comores, s’apprête à souffler ses 50 bougies. Cinquante années d’indépendance. Cinquante années d’histoire écrite par le courage de nos ancêtres, mais aussi marquées par tant de défis non relevés. À l’aube de ce demi-siècle, pouvons-nous, en toute conscience, nous permettre de célébrer dans le faste, alors que tant de nos fils et filles vivent dans la précarité, l’exil, ou l’espoir brisé ?
Ce jubilé n’est pas un simple anniversaire.

C’est un appel à la lucidité, à l’unité, à la renaissance. Il est temps de repenser notre avenir commun, de redonner un sens à notre souveraineté, de faire des Comores une terre de dignité, d’opportunités et d’espoir. Oui, nous pouvons et devons célébrer mais célébrer avec un engagement renouvelé, le regard tourné vers l’avenir, le cœur battant pour la patrie. Car 50 ans d’indépendance ne valent que par ce que nous ferons des 50 prochaines années.»

Moinadjoumoi Papa Ali


«Personnellement, je ne m’attendais pas qu’on allait fêter ainsi les 50 ans d’indépendance. Je pensais avoir des surprises dans bien de domaines. Certes nous avons accueilli des hôtes des pays amis, mais pour venir voir quoi exactement ? Leurs venues dans le pays témoignent que nous avons une bonne relation avec les pays amis mais nous n’avons pas pris leurs exemples. La Tanzanie, en l’espace de deux ans, a eu des avancées considérables. L’île Maurice également. Pourquoi pas nous ?
Nous devrions nous asseoir et réfléchir ensemble, commencer étape par étape, notamment dans l’éducation, car nous qui avons connu l’école publique aux années 90 par exemple, celle-ci a pris un recul ces derniers temps.


Côté infrastructures, certes il y a des réhabilitations, mais il fallait avoir de nouvelles infrastructures en construction. Nous ne sommes pas comme avant en matière de développement, c’est vrai, mais nous avons beaucoup de choses à réaliser.
Après cette fête, j’espère que les femmes auront vraiment leur place dans les instances de prise de décisions car la femme d’après indépendance a beaucoup de choses à contribuer et d’ailleurs elle contribue dans bien de domaines. »

Ahmed Abdallah Mgueni


«Je commencerai par remercier et rendre un grand hommage à tous ces hommes et femmes qui se sont battus pour notre indépendance. Grâce à eux, nous avons un pays contrairement à d’autres qui sont toujours colonisés. Malheureusement, la décolonisation n’est pas complète. Une partie du pays est toujours occupée par l’ancien colonisateur et sa main mise sur la gestion du pays est toujours là par la complicité de ses pions comoriens. Par conséquent, je dirais que le bilan de cette indépendance est mitigé. On peut se targuer d’avoir un pays mais la gestion laisse à désirer. Il faut reconnaître cependant qu’en 50 ans d’indépendance, on a fait mieux que les 200 ans de colonisation. Mais on pourrait mieux faire, à l’image des autres pays avec qui on a eu l’indépendance au même moment. (...).

Dr Abdou Djohar


« Libérer un pays du joug colonial est une meilleure prise de décision qu’une nation comme la nôtre pourrait en être fière. En effet, dans notre cher pays, les Comoriens vivaient, il faut le rappeler, une expérience douloureuse du fait colonial avec des morts, des expropriations, de la suppression de notre identité et surtout une négation profonde de la dignité humaine par la domination politique, économique et culturelle. D’ailleurs, c’est la raison pour laquelle nous ne remercierons jamais assez les personnalités politiques de notre pays qui ont milité et œuvré pour cette libération nationale dont nous sommes tous fiers.


Cependant, cette indépendance n’est pas malheureusement porteuse d’une économie en croissance et d’une stabilité politique encourageante. Le pays est loin de se positionner comme une destination attractive pour les investisseurs. On n’est pas en plein développement, en matière des infrastructures. Le développement de la formation et de l’éducation n’est pas prioritaire. La sécurité judiciaire est alarmante. Par conséquent, la délinquance va crescendo. Les talents du pays ne rayonnement pas à l’échelle internationale. Le pays est donc malade. Mais nous ne désespérons pas de la miséricorde d’Allah.»

Ben Issa Chaher


«Aujourd’hui, à l’occasion des 50 ans d’indépendance de notre pays, le chef de l’État, Azali Assoumani, s’est adressé aux Comoriens et à ses homologues étrangers avec un discours empreint de réalisme politique. Il a dressé un tableau lucide de la situation actuelle que traversent les Comores et franchi un pas important dans la définition de nouvelles perspectives pour l’avenir. En quelques points clairs et structurés, le président de la République a livré un message attendu, posant un diagnostic précis et proposant des solutions immédiates et concrètes, après avoir dressé un bilan détaillé de son action depuis son accession au pouvoir. Depuis l’indépendance, les Comores ont engagé de nombreux projets pour bâtir une nation forte et inclusive.

Sous la présidence d’Azali Assoumani, cette dynamique se poursuit avec des initiatives ambitieuses dans les domaines des infrastructures, des énergies renouvelables, de l’éducation, de l’économie, de la diplomatie, de la santé, de la justice, ainsi que dans le renforcement de la cohésion nationale, en tenant compte des besoins de tous les Comoriens, de l’intérieur comme de la diaspora. De l’étranger, nous restons mobilisés pour relever les défis exposés par le chef de l’État. Le renforcement de la bonne gouvernance et la diversification de l’économie sont des objectifs prioritaires, dans le but de créer rapidement des emplois et de la richesse, conformément aux orientations du Plan Comores Émergent (Pce). Car les Comores sont plus fortes, plus justes et plus solidaires lorsqu’elles sont unies et apaisées.»

 

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