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Cinquantenaire de l’indépendance des Comores I L’Association des diplômés de la Syrie scrute les réussites et les échecs du pays

Cinquantenaire de l’indépendance des Comores I L’Association des diplômés de la Syrie scrute les réussites et les échecs du pays

Société | -   Nadhoim Ahamada

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À l’approche du cinquantenaire de l’indépendance, une conférence organisée à Moroni a permis de revenir sur les réussites et les échecs du pays, entre héritages coloniaux et défis contemporains.

 

À l’approche du 50e anniversaire de l’indépendance des Comores, célébré chaque 6 juillet, l’Association comorienne des diplômés de la Syrie a organisé, mardi 1er juillet au soir, une conférence culturelle au foyer Casm de Moroni. Cette rencontre, placée sous le thème des réussites et des échecs des Comores depuis 1975, a été animée par l’ancien ministre Abdillah Mbaé, aujourd’hui professeur à l’Université des Comores.

Dans un discours empreint de souvenirs et d’analyses, Abdillah Mbaé a évoqué l’histoire du pays en tant que témoin direct de la proclamation de l’indépendance. « Ce que je dis à propos de cette conférence n'est ni une simple illusion ni un discours creux. Je relate une réalité que j'ai vécue », a-t-il déclaré. Présent lors de la proclamation d’indépendance le 6 juillet 1975, et proche collaborateur de l’ancien président Ahmed Abdallah Abdourahman, le conférencier a dressé un bilan sans concession des cinquante dernières années.

Il a dénoncé la persistance de logiques héritées de la colonisation, notamment dans le domaine économique. Selon lui, les Comores n’ont pas su établir une économie nationale autonome. « Même les plus petits projets étaient inexistants. Les projets hérités de l’extérieur n’avaient pas pour objectif de nous apprendre à les gérer, mais servaient à nous contrôler », a-t-il regretté, pointant du doigt une dépendance accrue aux importations, y compris alimentaires.

Sur le plan institutionnel, l’ancien ministre a critiqué l’héritage juridique français, estimant que les lois promulguées à l’indépendance servaient davantage à renforcer l’autorité du président qu’à répondre aux besoins du peuple. Il a ainsi dénoncé les pouvoirs étendus du chef de l’État, notamment en matière de nominations et de dissolution du Parlement. Ces dérives, selon lui, ont contribué à l’instabilité chronique du pays, marquée par des coups d’État à répétition.

Pour sortir de cette impasse, Abdillah Mbaé a plaidé pour un véritable dialogue national en vue de rédiger une Constitution durable, avec la participation de toutes les composantes de la société, y compris la diaspora, les agriculteurs, les chercheurs et les personnalités religieuses. Il a aussi insisté sur la nécessité de repenser l’économie nationale en valorisant les ressources locales et en favorisant l’autonomie des citoyens.Répondant aux questions du public, le conférencier a réaffirmé l’importance de la langue comorienne, qu’il estime appelée à jouer un rôle central dans le futur. Il a également tenu à « rétablir » sa « vérité » sur la mort du président Ali Soilihi, en affirmant qu’Ahmed Abdallah Abdourahman n’en était pas l’auteur mais aurait, au contraire, tenté de le protéger. Selon lui, l’assassinat aurait été perpétré par Bob Denard.

En conclusion, Abdillah Mbaé a appelé la jeunesse à prendre conscience de ses responsabilités face à l’avenir du pays. « Les Comores occupent une position stratégique dans le monde. Elles sont appelées à jouer un rôle important, mais cela ne se fera qu’avec une jeunesse éveillée et déterminée », a-t-il dit.

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