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Cinquantenaire de l’indépendance Houmed Msaidie : «C’est le moment de confronter les visions portées par nos chefs d’Etat»

Cinquantenaire de l’indépendance Houmed Msaidie : «C’est le moment de confronter les visions portées par nos chefs d’Etat»

Société | -   Adabi Soilihi Natidja

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Selon Houmed M’saidie, qui préside la Commission d’exécution mise en place dans le cadre de la célébration du cinquantenaire de l’indépendance, cette commémoration marque « une nouvelle étape de l’histoire du pays ». Il s’agit, selon lui, de dresser le bilan des cinquante ans d’indépendance à travers des festivités qui permettront de « revisiter notre histoire commune », mais aussi « faire le bilan de notre action collective » et « dégager des pistes à la fois nouvelles et ambitieuses tournées vers l’avenir », ajoutant que l’évènement mobilisera toutes les couches de la société, plus particulièrement la jeunesse comorienne.

 

Que représente pour vous, et pour le gouvernement, le cinquantenaire de l’indépendance de notre pays ?

Comme le temps s’apprécie aussi en siècle, un demi-siècle est un moment de questionnement sur le présent, en rapport avec les options de développement socio-économique en cours et la réévaluation du Plan Comores Émergent face aux mutations intervenues sur le plan international qui ne peuvent qu’affecter notre marche vers le progrès. En conséquence, le cinquantenaire est un miroir où les acteurs, tous les acteurs confondus, se regardent en vue de s’ajuster ou se réajuster dans un monde en perpétuel changement.

Quelle est la vision portée par le président de la République pour cette célébration et en quoi cette édition se distingue-t-elle des précédentes commémorations ?

Ayant hérité de la direction du pays, c’est tout à fait normal qu’Azali Assoumani veuille bien faire le bilan de l’indépendance proclamée par feu Ahmed Abdallah Abderemane, qui a marqué son temps par des actions concrètes. Tout comme ce fut le cas avec les présidents Prince Said Mohamed Jaffar, Ali Soilihi, Said Mohamed Djohar, Mohamed Taki Abdoulkarim, Ahmed Abdallah Mohamed Sambi et Ikililou Dhoinine qui ont tous été animés par des visions bien propres à chacun par rapport au développement du pays. Cinquante ans, c’est le moment de confronter toutes ces visions parce qu’il y en a plusieurs à savoir le Plan quinquennal d’Ali Soilihi (Pula ya Mayedeleo), Rehemani du président Taki et l’émergence à l’horizon 2030 du président Azali, entre autres et voir les résultats qu’elles ont apportés au pays. Ainsi, le président rendra hommage à ses prédécesseurs et à tous les acteurs qui ont contribué au développement du pays au stade où nous nous trouvons aujourd’hui.

Quels sont les principaux événements prévus dans le cadre des célébrations ?

Pour le president Azali Assoumani, il s’agit d’un moment de communion et d’inclusivité pour faire un diagnostic profond sur nos maux et sur nos défis. On prévoit des documentaires sur la dynamique du développement du pays qui porteront sur le comment était l’éducation au lendemain de l’indépendance comparée à celle d’aujourd’hui, la santé, l’économie, la question de Mayotte, la diplomatie en général, la sécurité et la coopération en matière de défense, l’appui de nos partenaires, le sport et toujours dans le prisme de chaque présidence. L’idée est de visiter et revisiter les aspects de notre histoire commune par des documentaires, des présentations et autres. Il y a aussi la nécessité de faire le bilan de notre action collective et  dégager des pistes à la fois nouvelles et ambitieuses tournées vers l’avenir. Puisque nous revisitons l’histoire, il va falloir en parler en posant le regard sur ce qui a été fait ce qui aurait dû être fait et ce que nous pourrons faire encore d’ici les années à venir.

Quels ministères ou institutions sont chargés de coordonner l’organisation de cet anniversaire ?

C’est la présidence de la République et c’est sous la direction personnelle du chef de l’Etat qu’une commission a été mise en place. A l’intérieur, il y a un comité d’orientation présidé par le secrétaire général du gouvernement et une commission d’exécution que je préside moi-même. L’importance de l’évènement fait que le président intervient directement dans la gestion de cette commission. Ce cinquantenaire ne concerne pas seulement les responsables politiques mais nécessite l’implication de tout un chacun. C’est l’occasion de mettre en avant ce que chacun a apporté en actions, en idées et en visions. En tout cas, nous invitons tout le monde à faire partie du processus pour revisiter l’histoire en parlant des cinquante dernières années. Leurs propositions, leurs parts de vérité sont les bienvenues pour améliorer ce moment de débat national pour mieux recentrer l’avenir du pays.

Quel est le budget alloué pour ces festivités, et comment est-il réparti ?

On est train de l’arrêter. Dès que ce sera fait, on le passera en conseil des ministres avant toute déclaration.

Comment les autorités s’assurent-elles d’une gestion transparente et efficace des fonds ?

Je me permets de dire qu’il ne s’agit pas là de l’évènement d’un régime. Mais de toute une nation. Ce cinquantenaire concerne tout le monde : pouvoir, opposition, partis politiques, société civile, secteur privé, mouvements associatifs, diaspora... C’est pour cela que nous appelons tout le monde à s’engager dans l’organisation et la réalisation de cette célébration de manière claire et nette.

Quelle place est-elle accordée à la participation des citoyens, en particulier des jeunes, dans ces festivités ?

La célébration tournera autour de différents thèmes sociaux plus particulièrement la jeunesse. Il s’agit de l’éducation, du sport mais aussi de la santé. Le cinquantenaire c’est aussi des festivités qui toucheront essentiellement le développement de la culture, la musique, le sport. Les jeunes se retrouveront au cœur de cette célébration.

Y a-t-il des programmes spécifiques pour les régions ou la diaspora ?

Il y en a et sont plus particulièrement culturels. C’est le moment aussi de revisiter notre culture, faire l’inventaire de notre patrimoine culturel, voir ce qui est resté et peut-être, ressusciter ce qu’on a rejeté de l’histoire. D’ailleurs, nous comptons, dans le cadre du lancement du cinquantenaire le 20 mai prochain à Mitsoudje, organiser une course de pirogues. Nous allons donc essayer de faire revivre les régions par nos cultures traditionnelles comme la musique ancienne, les danses. Pour la diaspora nous y travaillons tenant compte du rôle important qu’elle joue dans le développement socio-économique du pays.

Comment les communautés locales sont-elles impliquées dans l’organisation des événements?

On a eu une réunion aujourd’hui (jeudi 8 mai, Ndlr) pour voir exactement comment impliquer les communautés locales. Nous avons des mairies partout et nous allons impliquer les communes dans l’organisation et la réalisation des évènements.

Comment le gouvernement entend-il honorer les figures historiques de l’indépendance?

De manière générale, à chaque 6 juillet, le président de la République décore. Et ceux qui restent seront décorés le jour-même.

Y aura-t-il des initiatives pour valoriser ou revisiter l’histoire nationale (expositions, publications, films, etc.)?

Il y aura des expositions, des publications et d’autres festivités dans l’objectif de susciter l’intérêt chez les étudiants de vouloir écrire l’histoire du pays. Il y a eu des tentatives des travaux d’écriture, mais ils ne sont pas nombreux alors que nous avons beaucoup de compétences. Par ce cinquantenaire, nous voulons susciter des vocations pour commencer à écrire l’histoire des Comores. D’ailleurs, il y aura un documentaire consacré à l’histoire de l’éducation depuis l’époque coloniale à nos jours.

Quel rôle les historiens et les chercheurs jouent-ils dans le cadre des célébrations ?

Ce sont des acteurs essentiels dans l’organisation et la réalisation du cinquantenaire. Comme nous voulons revisiter l’histoire du pays, ils auront un grand rôle à jouer dans la reconstitution de notre passé commun à travers leurs travaux scientifiques de recherche, leurs publications et les débats qu’ils peuvent animer pour faire jaillir des idées novatrices axées sur des interrogation du passé et des perspectives de l’avenir. C’est pour cela qu’on les a invités pour prendre en compte leurs propositions et travailler ensemble pour bâtir un avenir commun face à une géopolitique de plus en plus rude et à un monde en perpétuelle évolution.

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