À l’occasion du cinquantenaire de l’indépendance et de la célébration de la date anniversaire du 3 août 1975, marquant l’arrivée au pouvoir d’Ali Soilihi Mtsachiwa, trois hauts cadres ont accepté de revenir sur l’homme et sa vision portée par lui et ses «camarades» du Front national Uni (Fnu). Il s’agit des anciens ministres Sultan Chouzour et Dini Nassur et l’actuel ambassadeur des Comores à Paris, Ahamada Hamadi. Trois hommes aux tempéraments différents mais qui narrent avec les mêmes violons sur l’idéal politique porté par le guide de la Révolution. Ensemble, ils reconnaissent la stature d’Ali Soilihi, l’étendue de ses connaissances et sa vision transformatrice de la société.
«En avance par rapport à son époque»
Sultan Chouzour met en lumière les compétences du jeune agronome, son audace sur la question de l’île comorienne de Mayotte et son leadership, soulignant que le cadre de 37 ans à l’époque avait mis la perfectibilité au centre de ses actions. Pour le diplomate, Ali Soilihi n’était pas seulement un génie mais un visionnaire qui voulait sauver une société comorienne déshéritée, avec à la clé un projet pour un destin unique au profit des îles. L’ancien ministre reconnait un problème de méthodes qui fera le lit de tous les fantasmes et qui donnera du grain à moudre à ses adversaires politiques. (…). (Lire interview, pages 6 et 7). L’ancien ministre Dini Nassur résume les grandes lignes de la politique d’Ali Soilihi.
Il met en avant la vision du Mongozi qui consistait à préparer la société comorienne à compter d’abord sur elle-même. Pour lui, l’idéal défendu par « le Guide de la Révolution » aurait pu forger une gouvernance à la comorienne devant sortir le pays de ses ténèbres et l’ouvrir vers la voie de la souveraineté économique et du progrès social. À l’entendre, le numéro un du Front national Uni (Fnu) était incompris car en avance dans son époque sur divers aspects de la vie. (Lire son opinion, page 8). L’ambassadeur Ahamada Hamadi reconnait la particularité du projet d’Ali Soilihi, son impact positif sur le pays tout en démontrant ses limites et surtout les raisons, selon lui, de son échec. Il livre une analyse sur le choix politique de « la maison Ali Soilihi » qui vivait en vase clos, déconnectées des réalités d’un monde en ébullition et dont les gesticulations et les volte-face sont synonymes d’écrasement et d’effacement.
Pour lui, la politique de neutralité prônée par Ali Soilihi à l’international a nourri la méfiance des uns et enterré la sympathie des autres. (Lire son analyse, page 9).
Le Guide de la Révolution, 50 ans après son coup d’Etat, est toujours encore aujourd’hui au centre du débat, mêlant admiration et controverses dans la littérature politique du pays. S’il reste, pour les uns, «une source d’inspiration » pour sa vision de transformation du pays et ses effets jugés positifs, il demeure, pour les autres, «une personnalité ambiguë » pour les méthodes incarnées tout au long de ses 29 mois de pouvoir (1er janvier 1976-13 mai 1978).