S’il fallait ne retenir qu’un propos, ce serait celui-ci : faire connaitre aux jeunes générations les héros méconnus de la lutte pour l’Indépendance, obtenue il y a 50 ans presque jour pour jour. C’est notamment cet objectif-là qui est visé par le collectif Mawadja. Mawadja comme « Machudjayi Wa Djana » qu’on peut traduire librement par « les vaillants patriotes d’hier ».
Ce collectif composé de Comoriens d’ici et de la diaspora a tenu une conférence de presse le jeudi 27 juin à Mitsamihuli. La rencontre avec les journalistes a eu lieu chez la marraine de l’organisation, Chafiat Achiraffi. Celle-ci, connue par le monde de la société civile, a rappelé le rôle des uns et des autres pour l’accession de notre pays à l’indépendance. Ceux que l’Histoire a retenus et ceux qu’il faut faire connaitre aux plus jeunes. « Quelques-uns ont poussé un cri : celui de l’indépendance. Beaucoup, très vite se sont ralliés. Ici aux Comores ou au Tanganyika (actuelle Tanzanie). De là naissent les premiers partis politiques pro-indépendance comme le Mouvement de Libération des Comores (Molinaco), plus tard le Parti Socialiste des Comores (Pasoco) », a rappelé l’entrepreneure.
Ahmed Abdallah Abdallah, qui a proclamé unilatéralement l’indépendance le 6 juillet, est celui que les Comoriens ont le plus retenu. Le récit national transmis de génération en génération le consacre comme étant le père de l’Indépendance. Mais au-delà de cette figure qu’ils ne contestent guère, les Mawadja veulent réparer « une anomalie historique et un trou mémoriel ». Beaucoup d’autres héros sont malheureusement tombés dans l’oubli. Rabiata Mohamed, Sakina Ibrahim, Abida Ali Chebane, Mohamed Abourahmane ( Mhishimiwa) ou encore Ali Mohamed Sugu. Peu de gens ont appris la lutte qui fut la leur dans les manuels d’histoire ou ailleurs.
Aussi, le 29 juin prochain, toujours à Mitsamihuli, se tiendra un grand colloque. Il réunira des historiens spécialistes de la période. Les profanes, les jeunes et moins jeunes pourront ainsi (re)faire la connaissance de ces héros d’hier et pourquoi pas, à compter de cette date, entretenir leur mémoire. « Si Ahmed Abdallah a proclamé l’indépendance, c’est parce que personnalités de l’époque comme anonymes ont pendant des années lutté pour parvenir à cet objectif », devait rappeler Mohamed Bakari, président du collectif et historien. Jusqu’en 1972, Ahmed Abdallah Abdérémane comme Said Mohamed Cheick avant lui, militaient plutôt pour l’autonomie interne.
Les célébrations prendront fin le 3 juillet toujours à Mitsamihuli où des festivités réuniront des centaines d’élèves. Ce jour-là, « nous danserons et chanterons », assurent les organisateurs.Si les festivités se tiennent à Mitsamihuli, la capitale du nord de Ngazidja, « c’est parce que le Grand Nord, qui s’étend du Mbude jusque dans le Hamahame, a donné beaucoup d’hommes et de femmes qui ont lutté pour l’indépendance », selon Ali Moindjie, membre des Mawadja et ex-journaliste à la retraite.