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Cinquantenaire de l’indépendance I «Bâtir un État moderne»

Cinquantenaire de l’indépendance I «Bâtir un État moderne»

Société | -   A.S. Kemba

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Hommage aux artisans de l’indépendance et aux pionniers de l’Etat comorien, tour d’horizon des grands faits marquant de ces 50 dernières années, les acquis et les défis du cinquantenaire, la question de l’île comorienne de Mayotte sous occupation française, le président de la République défend « la fierté » et « l’espérance » pour ce cinquantenaire de l’indépendance. « Ce cinquantenaire n’est pas un aboutissement mais avant tout un appel à l’action pour aller plus loin », a-t-il souligné. Le chef de l’Etat a loué la persévérance du peuple comorien qui, malgré « les vicissitudes de l’histoire » a su se tenir « debout » dans un élan d’optimisme symbolisé par le désir de vivre ensemble.

 

Le chef de l’Etat a appelé, dimanche 6 juillet, les Comoriens à être «fiers» de la liberté retrouvée après des décennies de colonisation et à regarder l’avenir «avec optimisme» à l’occasion de la célébration du cinquantenaire de l’indépendance du pays. Azali Assoumani, entouré de chefs d’Etat de la République Unie de Tanzanie, de l’Ile Maurice et d’Ethiopie, a prononcé le discours du cinquantenaire devant une assistance garnie par des envoyés spéciaux des pays amis, des délégations de haut niveau, des ambassadeurs et des officiers des armées de la Chine, de la Tanzanie, du Royaume du Maroc, et des citoyens des quatre îles. Une cérémonie majestueuse a marqué le cinquantenaire de l’indépendance. 

Un hommage aux artisans de l’indépendance

Le président de la République entame son discours par un hommage appuyé aux « héros, pionniers et bâtisseurs » de la Nation comorienne, rappelant « le rôle clé et décisif » de ces « combattants » de la liberté et dont l’histoire retiendra « l’engagement déterminant » et « la vision » affirmée depuis l’autonomie interne, étape clé avant les négociations avec l’ancienne puissance colonisatrice qui aboutissent au référendum de 1974 et à l’indépendance unilatérale, le 6 juillet 1975. « Ce jour-là, les Comores proclamaient leur indépendance dans l’unité, avec un seul drapeau, un seul peuple, une seule souveraineté – celle des quatre îles de l’archipel, Mayotte, Anjouan, Mohéli et la Grande-Comore», a-t-il souligné. «Je tiens ensuite à rendre un hommage solennel aux artisans de notre indépendance, à nos héros de 1975, à toutes celles et ceux qui ont consenti des sacrifices pour que notre drapeau flotte librement au vent de l’Océan Indien, à travers le continent africain et le monde entier».

 

Hommage aux artisans de l’indépendance et aux pionniers de l’Etat comorien , tour d’horizon des grands faits marquant de ces 50 dernières années, les acquis et les défis du cinquantenaire, la question de l’île comorienne de Mayotte sous occupation française , le président de la République défend «la fierté» et «l’espérance» pour ce cinquantenaire de l’indépendance. «Ce cinquantenaire n’est pas un aboutissement mais avant tout un appel à l’action pour aller plus loin», a-t-il souligné.Revenant sur les 50 ans de l’indépendance, Azali Assoumani a reconnu que l’instabilité politique et institutionnelle a lourdement pesé sur la marche de l’Etat depuis 1975. «Sur le plan politique, notre marche a été difficile. Nous avons traversé deux décennies d’instabilité politique, de coups d’État à répétition, de divisions internes, et de crises institutionnelles. Des mercenaires ont, à plusieurs reprises, pris notre pays en otage», a-t-il souligné, citant les sombres périodes et les pires épisodes de l’histoire politique comorienne dont l’assassinat de chefs d’Etat, la déportation d’un autre ainsi que la crise séparatiste.

 

Un hommage aux pionniers de l’indépendance

Azali Assoumani, au début de son discours, a honoré la mémoire de ceux qui se sont battus, des années durant, pour porter la voix de l’émancipation, de l’autonomie et de l’indépendance des Comores. Faisant allusion à Said Mohamed Cheikh, Mohamed Ahmed, Prince Said Ibrahim, Prince Said Mohamed Djaffar, Ahmed Abdallah Abderemane, Abdou Bakari Boina, Mohamed Ali Mbalia et les autres militants du Molinaco, du Pasoco et du Parti pour l’entente des Comores (Pec), le président de la République a reconnu «l’engagement» assumé, «la clairvoyance » démontrée et surtout
«les sacrifices» consentis pour sortir le pays du joug colonial et l’aider à retrouver sa souveraineté. «Leur patriotisme, a permis à notre Nation, portée par la détermination de son peuple, de rester debout, tout au long de ces cinquante années et de tracer son chemin parmi les États souverains du monde, en dépit des conjonctures et des vicissitudes de l’Histoire», a-t-il souligné. «Ils ont été les artisans de la libération de notre pays ; ils ont proclamé et défendu notre souveraineté sur l’ensemble de notre territoire national ; ils ont rendu sa dignité, au peuple comorien», a ajouté le chef de l’Etat.
Azali Assoumani rendra un hommage particulier au peuple comorien et au père de l’indépendance. «Je rends un vibrant hommage au vaillant peuple comorien qui lors du referendum du 22 décembre 1974, s’est prononcé à 95% pour l’accession de notre pays à l’indépendance», a-t-il mentionné. «Je salue en particulier, la mémoire du Président Ahmed Abdallah Abderemane qui, soutenu par les élus de la Chambre des Députés, a unilatéralement proclamé l'indépendance des quatre îles des Comores»

 

 

Le désir de vivre ensemble

Le chef de l’Etat a loué la persévérance du peuple comorien qui, malgré « les vicissitudes de l’histoire » a su se tenir «debout» dans un élan d’optimisme symbolisé par le désir de vivre ensemble. «Nous avons traversé avec douleur, la période du séparatisme entre 1996 et 1999 mais jamais notre peuple n’a abdiqué», a-t-il souligné. «Nous nous sommes attelés ensuite à la consolidation de nos institutions qui, au fil du temps, ont fait leurs preuves et forcé l’estime et le respect de notre pays partout dans le monde avec des alternances politiques pacifiques exemplaires au sommet de l’Etat et des passations de pouvoir à une date précise et bien connu, le 26 mai», a rappelé Azali Assoumani.

Le président de la République a mis en avant des éléments de bilan de ce cinquantenaire, citant plus précisément l’économie, le social, les infrastructures et l’énergie avant de souligner les actions menées, les stratégies déployées et les chantiers entrepris et engagés pour maintenir la constance des réformes et la poursuite des politiques publiques aux fins de répondre aux attentes de la population en termes de services publics, de réduction de la pauvreté et d’amélioration de la qualité de la vie.
«Le taux brut de scolarisation dans le primaire dépasse désormais 97 %, Nous avons investi dans la formation de nos enseignants, la construction de salles de classe, et l’accès à l’éducation pour tous. Le système de santé s’améliore », a souligné Azali Assoumani. « Des centres hospitaliers modernes ont vu le jour. L’Hôpital El Maarouf renait et deviendra un centre de référence. En 20 ans nous avons réduit de moitié la mortalité infantile et le taux de vaccination a atteint plus de 85 %», a-t-il ajouté, se félicitant du projet de mise en place d’une Assurance maladie généralisée (Amg) au profit des Comoriens, les couches vulnérables en particulier «Cette initiative ambitieuse vise à améliorer l’accès aux soins de santé pour tous les Comoriens et, ainsi, doter notre pays d’un système de santé plus équitable et efficace, en améliorant la couverture maladie et en renforçant la qualité des soins», a mentionné Azali Assoumani.

Des «avancées enregistrées» et « des défis à relever»

Le président a également évoqué des aspects de la vie courante et des améliorations notées dans divers secteurs. « Sur le plan économique, le produit intérieur brut a progressé de façon régulière, atteignant environ 1,4 milliard de dollars en 2024, contre moins de 300 millions dans les années 90. Le taux de croissance économique a dépassé les 3% ces dernières années, malgré un contexte mondial difficile. L’accès à l’électricité a été porté de 40 % en 2010 à près de 70 % en 2024. Plus de 65 % des Comoriens ont aujourd’hui accès à l’eau potable, contre moins de 30 % il y a vingt ans », a-t-il indiqué. « Nos infrastructures se modernisent et le programme de développement de nos routes, ports, aéroports, énergie et numérique, se poursuit avec détermination avec des projets structurants destinés à la transformation progressive de notre économie », a-t-il encore ajouté.
Azali Assoumani a également reconnu « les potentialités» du pays et sa capacité à construire «un modèle d’insularité positive, de résilience africaine, et de dignité retrouvée», citant la jeunesse et la diaspora comme «moteurs de progrès et d’innovation» de cette dynamique nouvelle à impulser pour «bâtir un Etat moderne, des Comores prospères et ouvertes au monde». Pour lui, la jeunesse doit rester pour toujours au cœur de toutes les politiques de l’Etat. «Nous devons offrir à nos jeunes des opportunités à la mesure de leurs talents et de leurs ambitions car c’est cela qui leur permettra d’occuper leur place à l’avenir, en Afrique et dans le monde», a-t-il souligné avant de faire une mention spéciale à la diaspora comorienne.

Des programmes engagés

«Je tiens à saluer ici avec reconnaissance et fierté, la diaspora comorienne qui constitue l’un des visages les plus dynamiques et influents de la Nation comorienne», a-t-il souligné. «Les Comoriens de la diaspora, envoient des fonds qui représentent jusqu’à 30 % du PIB national, Ces ressources permettent de financer : la construction de logements ; l’éducation des enfants ; les soins de santé ; les cérémonies familiales ; et, de plus en plus, les projets communautaires et la création d’entreprises et d’emplois pour les jeunes», a fait part Azali Assoumani.Il évoquera le Plan Comores Emergent (Pce), sa vision de transformation du pays et les programmes engagés pour consolider les actions de développement. «Les chantiers se sont multipliés : modernisation des infrastructures, amélioration du climat des affaires, développement des énergies renouvelables, soutien à l’entrepreneuriat des jeunes et des femmes, digitalisation de l’administration publique», a-t-il mentionné.

«Nous devons croire en nous-mêmes»

Le chef de l’Etat a toutefois souligné les défis à relever, citant le chômage des jeunes et la lutte contre la pauvreté. «Aujourd’hui, nous devons rester réalistes. La pauvreté touche encore trop de Comoriens. Le chômage, notamment celui des jeunes, reste un défi prioritaire. L’économie informelle pèse encore lourd, et nos importations dépassent largement nos capacités de production», a souligné Azali Assoumani qui garde confiance à la vision de l’émergence du pays et à son impact sur la marche du pays. «Avec le Plan Comores Émergent, nous construisons un nouveau modèle : basé sur la diversification, la valorisation de nos ressources naturelles, l’insertion régionale, et le développement durable. L’agriculture, la pêche, le tourisme et l’économie bleue seront les piliers de notre croissance», a-t-il admis.

 

Le chef de l’Etat a remercié tous les pays amis et les organisations régionales et internationales partenaires qui ont accompagné les Comores durant ce demi-siècle. «Je lance un appel solennel à l’unité, à la solidarité nationale et à l’engagement de chacun pour relever les défis des cinquante prochaines années», a-t-il souligné, revenant sur le rayonnement du pays à travers les Cœlacanthes et la visibilité du pays à l’occasion de la présidence comorienne de l’Union africaine. «Nous avons défendu la voix de l’Afrique dans les grands forums mondiaux : à la COP28, à l’Assemblée Générale de l’ONU, au sein des BRICS, auprès des institutions européennes et surtout, au G20 où l’Afrique a été admise en 2023, en qualité de membre permanent», a-t-il expliqué.


Azali Assoumani considère le cinquantenaire comme une étape dans la construction du pays, le renforcement de la cohésion de la Nation et la poursuite de l’édification d’un Etat fort « le temps de consolider les acquis, de refuser les divisions et de bâtir un État moderne, des Comores prospères et ouvertes au monde, où chaque citoyen a sa place et sa chance, où notre jeunesse devient un moteur de progrès et d’innovation. Nous devons croire en nous-mêmes, investir dans notre jeunesse, protéger notre environnement, et faire des Comores un modèle d’insularité positive, de résilience africaine, et de dignité retrouvée», a conclu Azali Assoumani avant d’appeler « à l’unité, à la solidarité nationale et à l’engagement de chacun pour relever les défis des cinquante prochaines années ». Pour Azali Assoumani « l’avenir des Comores, c’est l’affaire de tous. Ensemble, soyons à la hauteur des sacrifices de nos aînés et des espoirs de nos enfants».

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