Vendredi dernier, l’Ong Reporters sans frontières (Rsf) a sorti son traditionnel classement annuel qui jauge l’état de la liberté de la presse dans le monde. En 2025, les Comores ont perdu malheureusement 4 places, passant de 75 à la 71ème position, sur 180 pays. Selon l’association Rsf, trois principales raisons expliquent cette chute. D’abord la baisse du score économique. «Les conditions économiques du secteur se sont dégradées l’an dernier », a détaillé le bureau d’Afrique subsaharienne de Reporters sans frontières. Le deuxième facteur ayant entrainé la chute du pays cette année est la baisse de 4,9 points du score social du pays, qui montre que traiter certains sujets sociétaux reste difficile. « Il y a aussi la fluctuation des scores des autres pays, qui explique généralement les légères baisses ou hausses d’autres pays dans le classement », poursuit l’Ong, qui juge que cette chute des Comores n’est ni significative, ni drastique.
Pour rappel, l’année dernière, le pays avait gagné 4 places, contre 8 en 2023. Dans ce classement publié le 3 mai, les Comores n’ont toujours pas réussi à dépasser deux pays de la région de l’Océan indien, à savoir les Seychelles ( - 8 points) et Maurice, qui cependant a grimpé avec 6 points gagnés. Ils sont respectivement classés 44ème et 51ème. La Grande Ile, Madagascar, se trouve en revanche dans l’avant- dernière catégorie, et a perdu 13 points cette année.
Dépendance aux annonceurs
Globalement, la liberté de la presse est en net recul dans beaucoup de régions du monde, souligne Rsf, dans son analyse, citant un facteur qui fragilise les médias, à savoir la pression économique. Aux Comores, le président du Syndicat national des journalistes comoriens, a même relevé cette menace qui guette les journalistes, dont certains ne sont pas payés dignement. «Concentration de la propriété, pressions des annonceurs ou des financeurs, absence, restriction ou attribution opaque des aides publiques. Les médias sont aujourd’hui pris en étau entre la garantie de leur indépendance et leur survie économique», constate Reporters sans frontières.
Selon la directrice éditoriale de Rsf, Anne Bocandé, une nouvelle ligne rouge est franchie en 2025. «Pour la première fois dans l’histoire du classement mondial de la liberté de la presse de Rsf, les conditions d’exercice du journalisme sont difficiles, voire très graves dans la moitié des pays du monde », a-t-elle alerté. En Afrique, il a été constaté que les médias sont de plus en plus sous la pression des annonceurs, ce qui accentue la dépendance envers ceux-ci. «Dans nombre de cas, les médias restent concentrés entre les mains de quelques groupes privés proches du pouvoir ou de personnalités aux intérêts politiques, compromettant ainsi l’indépendance des rédactions», déplore-t-on dans le classement de 2025.