Plus d’une semaine après le début des travaux de construction d’un mur devant l’ancienne «Chambre des députés», les travaux ont été arrêtés sur ordre de la direction de l’aménagement du territoire qui aurait constaté qu’aucun permis de construction n’a été délivré. De même de nombreuses personnes ne cessent de dire leur «indignation» par rapport à ce que de plus en plus de gens n’hésitent pas à qualifier de «profanation».
Ferme opposition
De même, la question divise jusqu’au niveau d’institutions publiques directement concernées par le sujet. Beaucoup dans l’opinion soutiennent qu’il est inconcevable d’ériger un mur devant la façade de ce lieu absolument historique où le pays a déclaré son indépendance le 6 juillet 1975 et où les Comoriens se retrouvent pour célébrer les plus grands évènements de leur histoire, depuis bientôt un demi-siècle.
«Nous avions déjà demandé à l’autorité publique de nous céder ce bâtiment pour en faire un musée de l’indépendance, mais nous n’avons jamais eu de réponse. Il n’est pas normal qu’un pays comme les Comores ne puissent compter que sur le seul musée du Cndrs. Le pays a beaucoup de choses à valoriser et qui méritent d’être sauvegardées. Il est temps d’ouvrir des musées à thème ne serait-ce qu’un par région», soutient le «défenseur du patrimoine», Azali Saïd Ahmed, qui rappelle que l’Unesco a déjà plaidé pour que ce lieu devienne un musée du patrimoine.
A l’heure actuelle, la mairie de Moroni et des notables de la capitale se sont impliqués dans ce débat sur la construction du mur qualifié de «Mur de l’inculture». Ils se sont entretenus avec la plus haute autorité de l’Etat pour qu’il soit mis au courant des attaques incessantes contre le patrimoine national.Parallèlement, la direction générale de l’aménagement du territoire a impulsé une autre rencontre sur le sujet à laquelle devaient être conviés la mairie, des historiens, des représentants de la Cour suprême, la commission du patrimoine de Moroni et des notables de la ville.
«C’est une bonne initiative que la mairie ait saisi la plus haute autorité de l’Etat pour régler cette question. On ne peut pas cloisonner ce lieu du reste de la Place de l’indépendance, d’autant moins que l’ancienne Chambre des députés représente l’indépendance elle-même. Notre direction ne peut pas hausser le ton publiquement du fait que le bâtiment a été légué à la Cours suprême par l’Etat. Intervenir serrait, pour nous, aller à l’encontre d’une décision de l’Etat. Avant nous, il y’a la mairie de Moroni. Nous sommes à ses côtés et nous interviendrons au moment opportun», confie un agent de l’Etat qui a requis l’anonymat.
Une «affaire» à suivre, sans doute.