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Collège islamique de la coulée I Le projet d’aménagement de boutiques dans la cour suspendu

Collège islamique de la coulée I Le projet d’aménagement de boutiques dans la cour suspendu

Société | -

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Le collège islamique de La Coulée cherche à générer des revenus en aménageant des conteneurs commerciaux dans sa cour. Un projet qui ne fait pas l’unanimité.

 

La direction du collège islamique de La Coulée, communément appelé maahad, a pris la décision de démolir partiellement le mur de clôture de l’établissement afin d’aménager des conteneurs destinés à la location, avec leurs façades orientées vers l’extérieur. L’objectif de ce projet vise à générer des revenus pour soutenir financièrement l’établissement, qui fait face à d’importantes difficultés économiques, d’après le témoignage de son directeur, Said Chakira Ben Ali.


Cependant, peu de temps après le début des travaux, les autorités policières sont intervenues pour les interrompre. « Après une rencontre avec le maire, nous avons entrepris des démarches auprès du service d’urbanisme pour garantir la mise en œuvre de ces projets sans perturber la circulation. Pourtant, alors que nous étions en plein travail le samedi dernier aux alentours de 11 heures, la police nationale est intervenue et a suspendu nos activités. Nous sommes en attente de la reprise des travaux », explique le directeur. Il a également fait remarquer qu’il avait présenté des exemples de projets similaires mis en place avec succès dans d’autres établissements de ce genre, notamment à Ndzuani, où une pharmacie et une buvette ont été installées pour soutenir l’établissement, ainsi qu’à Mitsamihuli, où des conteneurs ont été utilisés pour le bénéfice de la mairie. Il a conclu en se questionnant sur les obstacles spécifiques rencontrés par le «maahad» de Moroni.

Un projet, deux camps

Dans le quartier, un homme s’est farouchement opposé à ce projet, suscitant des spéculations selon lesquelles il aurait contribué à son interruption. «Les travaux ont débuté il y a près de cinq jours, mais ont été bloqués par un voisin qui estime qu’il n’est pas approprié de démolir l’espace des élèves. Il a adressé des avertissements à deux reprises », témoigne Ali Mohamed, un résident du quartier. L’homme en question est Ismaël Saadi, un cadre de l’Unicef (Fonds des Nations unies pour l’enfance), qui craint que cette initiative crée un précédent permettant de transformer ultérieurement des espaces scolaires en « zones commerciales».Dans cette optique, il a écrit au directeur du collège, au nom d’un « collectif des habitants du quartier Coulée-Ma’ahad », demandant la suspension des travaux. « Si on laisse les espaces scolaires se transformer en zones commerciales, il n’y aura plus d’espaces de jeux pour nos enfants dans les écoles, ce qui ne sera pas normal », a justifié Ismaël Saadi.


Manifestement, cet appel a trouvé écho auprès des autorités municipales, bien que celles-ci aient initialement soutenu l’initiative. «Nous avons eu des discussions avec les responsables du collège ma’ahad concernant des projets visant à développer des activités commerciales à l’intérieur de conteneurs situés dans la cour de l’établissement, dans le but de soutenir son fonctionnement. En raison d’une mauvaise interprétation de la situation, la police a interrompu les travaux en vue de trouver une solution. Nous avons recommandé la reconstruction du mur pour résoudre ce problème rapidement», affirme Saïd Hamidou, chef du département « urbanisme » de la mairie de Moroni.
Cependant, ces arguments ne parviennent toujours pas à convaincre les responsables de l’établissement, qui estiment être confrontés à des obstacles artificiels. «Nous ignorons quand les travaux pourront reprendre. Lors de notre réunion au ministère de l’Éducation, j’ai démontré que ce type de projet a été réalisé dans d’autres ma’ahad. Pourquoi le ma’ahad de Moroni ferait-il exception ?» s’interroge Dr Moudathir Athoumani, coordinateur des ma’ahad.


Interrogé sur la légalité d’un tel projet, le ministère de l’Éducation nationale tergiverse. « Nous avons demandé l’arrêt des travaux en attendant un rapport sur les événements survenus sur place. Une enquête menée par l’inspection générale de l’éducation nationale est en cours ; nous attendons son rapport pour jeudi prochain. Actuellement, l’ouverture de petits commerces au sein des écoles n’est pas prévue par les conventions ou le règlement de l’éducation, mais cette question sera discutée prochainement», soutient Soulaimana Soilihi, secrétaire général du ministère.

Par Faissoil Fatihoudine

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