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Commerce du riz ordinaire I A Ndzuani, les commerçants montent au créneau contre le ministère de l’Économie

Commerce du riz ordinaire I A Ndzuani, les commerçants montent au créneau contre le ministère de l’Économie

Société | -   Ahmed Zaidou

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Les principaux importateurs de riz ordinaire de l’île ont exprimé leur incompréhension et leur colère face à ce qu’ils considèrent comme « l’attribution de quatre nouvelles licences d’importation». Une décision jugée «illégale, contraire aux textes en vigueur, et dangereuse pour l’équilibre du marché».

 

L’ambiance était tendue, ce mercredi, dans la salle de conférence de la Chambre de commerce, d’industrie et d’artisanat (Ccia) de Ndzuani, à Mutsamudu. Autour du président du Conseil patronal des Comores (Copac), Mohamed El Bakri Saïd Ali, trois importateurs titulaires de licences ont dénoncé ce qu’ils qualifient de « dérive réglementaire » du ministère de l’Économie. Dans leur viseur : la récente sortie médiatique du secrétaire général dudit ministère.


En tête de file, le président du Copac a vivement critiqué les déclarations du secrétaire général, qu’il accuse d’ « ignorer les fondements mêmes des textes qu’il applique». «C’est regrettable que le ministère ne comprenne pas ce qu’il dit et ce qu’il signe. Ce n’est pas une question d’argent. C’est un combat de vingt ans pour qu’on arrive à la libéralisation du riz», a-t-il rappelé. Il a invité les acteurs à «consulter les données des importations disponibles à la chambre de commerce».
Pour lui, la communication du ministère sur les «4 nouvelles licences» est floue, alors que l’article 16 de l’arrêté conjoint des ministères de l’Economie et des Finances qui fixe actuellement les règles de l’importation du riz ordinaire par les commerçants «stipule clairement que seul la commission peut ajuster les tonnages du secteur privé».


Selon lui, le Copac réclame purement et simplement «l’annulation de ces licences, quel que soit le terme employé, car elles ne respectent en rien le cadre reglémentaire». «Le ministère n’a pas ce pouvoir. C’est un vrai danger. En cas de surstockage, c’est la faillite assurée pour le secteur privé», a-t-il averti. Avant de conclure, Mohamed El Bakri a lancé un message clair aux 4 nouveaux titulaires de la licence. «Refusez ces licences. Le ministère a reconnu son erreur en réunion. Il est encore temps de corriger le tir», a-t-il insisté.

Un approvisionnement régulier du marché

Le gérant du magasin Halibou, également détenteur d’une licence, a tenu à rappeler que leurs opérations sont encadrées par les textes en vigueur. Il s’est dit surpris par la rapidité de la procédure ayant mené à l’octroi de ces nouvelles licences. «Tout s’est passé très vite. Or, tout doit passer par les textes. De notre côté, nous avons toujours assuré un approvisionnement sans faille, avec plusieurs qualités de riz à disposition. Notre programme ne prévoit aucune pénurie », a-t-il assuré.Le représentant du Groupement d’intérêt économique (Gie), qui rassemble 19 importateurs, Mohamed Rachadi alias Gadjo, a également pris la parole pour souligner l’organisation mise en place pour assurer une régularité dans l’approvisionnement du marché. «Nous avons structuré nos importations selon un calendrier bien défini, de septembre 2024 à septembre 2025. Cette décision du ministère trahit le moratoire et l’engagement de coordination que nous avons signé», a-t-il regretté.

Nouvelles licences

Il a insisté sur la transparence des détenteurs quant aux stocks disponibles. « Il y aura du riz pendant toute la période annoncée comme critique. Nous demandons l’annulation pure et simple de ces nouvelles licences. À la fin de celles en cours, qu’une nouvelle décision soit prise conformément aux textes et au bilan de chacun», a-t-il suggéré.Il faut rappeler que lundi 28 avril dernier, le secrétaire général du ministère de l’Economie, Dhoihirdine Ahamada Bacar, a soutenu devant la presse que «le ministère n’a ni délivré ni renouvelé de nouvelles licences».Il a par contre reconnu que le ministère a «décidé d’augmenter le quota à certains opérateurs qui ont déjà épuisé leur quota initial». «Dans la mesure où les textes nous le permettent, nous pourrons à tout moment augmenter le quota à certains opérateurs pour faire face à d’éventuelles pénuries. Nous n’attendrons pas l’arrivée d’une pénurie», s’est-il justifié.

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