Lundi 18 novembre, au restaurant Le Select, le patronat comorien, représenté par la Nouvelle Opaco, le Mouvement des entreprises comoriennes (Modec) et le Syndicat national des commerçants comoriens (Synaco), a tiré la sonnette d’alarme sur « la prolifération d’activités commerciales menées par des étrangers en dehors du cadre légal ». Selon un communiqué de presse conjoint, ce phénomène affecte tous les secteurs économiques et met en péril le tissu économique local. « Cette situation, loin d’être anecdotique, constitue une menace directe pour l’emploi des Comoriens et fragilise davantage les petits commerçants locaux, déjà éprouvés par la crise économique », dénoncent ces organisations.
Des secteurs autrefois dominés par les commerçants comoriens, comme la vente de produits alimentaires ou les commerces de proximité, sont désormais investis par des étrangers, « souvent en violation des lois en vigueur, d’après le patronat ». La présidente de la Nouvelle Opaco, Sitti Djaouharia, a détaillé ces pratiques lors de la conférence de presse. « On retrouve des étrangers entrés au pays avec des visas touristiques ou en tant qu’employés domestiques, qui, du jour au lendemain, deviennent commerçants. Certains falsifient les documents officiels, notamment les patentes, et ne disposent pas de registre de commerce.
Cela étouffe les petits commerçants locaux », a-t-elle affirmé, assurant être en mesure de citer de nombreux exemples. Elle a également révélé que ces individus, bénéficiant de largesses administratives, utilisent leurs domiciles comme dépôts de stockage et se déplacent dans les villages pour écouler leurs produits, ce qui aggrave la situation des commerçants nationaux, notamment ceux ayant contracté des prêts bancaires.
Respect des règles
Les organisations patronales ont insisté sur le fait qu’elles ne sont pas opposées à la présence d’étrangers dans le secteur commercial, à condition que ces derniers respectent les lois et suivent les procédures légales. «Nous demandons que tout le monde soit sur un pied d’égalité. Malheureusement, beaucoup de ces étrangers contournent les règles, souvent en installant leurs familles et en transformant leurs domiciles en entrepôts. Les commerçants locaux, eux, se retrouvent en difficulté, incapables de rembourser leurs prêts bancaires », ont-ils déploré.
Les organisations patronales ont rappelé que l’État a le devoir de protéger les commerçants locaux et de garantir un développement basé sur le nationalisme économique. Elles recommandent de réserver certains secteurs d’activités exclusivement aux Comoriens. Un commerçant, spécialisé dans la vente de chaussures, a averti : «Si rien n’est fait, d’ici trois ans, nous n’existerons plus. Ceux qui pratiquent ces activités illégales disparaissent souvent sans laisser de traces, parfois après avoir emporté les économies de Comoriens qui leur font confiance.»
Le Modec, le Synaco et la Nouvelle Opaco appellent le ministère de l’Intérieur à faire respecter la loi du 24 décembre 1988, qui encadre les conditions de séjour et d’activités des étrangers aux Comores. «Nous ne sommes pas contre les investissements étrangers, mais nous exigeons qu’ils respectent les règles et contribuent au développement durable de notre pays», ont conclu les organisations. Elles ont également promis de mener des actions de contrôle sur le terrain et de dénoncer les contrevenants si les autorités restent inactives .