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Commerce informel, le nouveau refuge des diplômés Abdou Hamidoune : «Mon entreprise, c’est ma brouette»

Commerce informel, le nouveau refuge des diplômés Abdou Hamidoune : «Mon entreprise, c’est ma brouette»

Société | -

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Le commerce ambulant est devenu le refuge de beaucoup des jeunes comoriens diplômés. Faute d’emploi classique, certains préfèrent se lancer dans l’informel. Les raisons sont diverses pour ces jeunes. Certains se lancent parce qu’ils n’ont pas le choix, tandis que d’autres préfèrent passer leurs vie dans le commerce informel pour subvenir aux besoins de leurs familles.

 

«Je préfère passer toute ma vie à vendre dans les brouettes que de travailler à la Fonction publique ou dans le secteur privé», déclare Abdou Hamidoune. Depuis trois ans, ce jeune de 26 ans fait son petit business «dans» les brouettes en vendant des baskets et autre produits pour gagner sa vie au marché de Volo-volo à Moroni.
Après avoir obtenu sa licence en Langues étrangères appliquées (Lea) à l’Université des Comores, ce jeune, après plusieurs tentatives vaines de trouver un travail dans différentes institutions, a choisi de se lancer dans le commerce ambulant. Pour lui, faire des études ne fait pas partie de ses plans d’avenir, ni de ses ambitions. Il ne compte pas aller plus loin. Actuellement, il n’a pas trop d’engagement mais compte bien faire sa vie dans l’informel pour rester indépendant. Son avenir, il va le bâtir en vendant avec les brouettes. Il compte aussi laisser le relais à ses enfants. «Je trouve que continuer à faire des études n’est plus important dans ce pays car on ne trouve pas de travail», fait-il signifié.


Dans nos marchés, les jeunes sont trop nombreux à se lancer dans le commerce ambulant. Ces jeunes, pour la plupart, ont déjà leurs diplômes en poche mais à défaut de tirer un job, ils se retrouvent dans les marchés pour faire leur business pour subvenir aux besoins quotidiens de leurs familles. «Estimez-vous qu’on est content d’être là ?», nous demande un jeune licencié en Lettres modernes françaises (Lmf).

Pas encore de solution concrète contre le chômage des jeunes

 

«Si nous sommes là, c’est parce qu’il n’y a nulle part où aller et aucun autre travail à faire», dit-il, mécontent. Abdou Hamidoune s’inquiète des cas des jeunes qui n’attendent que le gouvernement. «Plusieurs jeunes se retrouvent au chômage après leurs études. Certains tentent de trouver du travail mais c’est difficile d’en trouver à nos jours car il faut d’abord connaitre quelqu’un de haut placé. Beaucoup de jeunes dans ce marché de Volo-volo ont des licences voire même des masters et ils sont vraiment nombreux. Malheureusement, le gouvernement n’a toujours pas de solutions concrètes pour aider les jeunes et réduire le chômage. Pour moi, mon entreprise c’est ma brouette. Je passerais toute ma vie à vendre dans les brouettes», dit-il, fier.


Ce jeune dit regretter toutes les années passées à faire des études supérieures. «Si j’avais su que je ne trouverais pas un travail convenable, je n’aurai pas fait des études supérieures mais plutôt le commerce pour gagner ma vie. Je sais maintenant qu’une fois que j’aurais une famille, je pourrais subvenir quotidiennement à ses besoins grâce à ce travail», souligne-t-il.


Bahiya Soulayman

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