Touche pas la paix dans ma commune” et “oui à la décentralisation et non à la déstabilisation”, peut-on lire sur les banderoles étalées au foyer de Shezani dimanche, 4 septembre avec comme principal message de fustiger le transfert de l’hôtel de Ville de Mbwakuu à Hantsindzi. Une décision qui a fait l’objet d’une grande mobilisation le week-end dernier par d’autres résidents des sept des huit localités qui composent la commune. Loin d’être un rassemblement politique, ces localités appellent “ au respect des textes en vigueur du pays”. Cette décision de transfert par la gouverneure, serait “en contradiction totale avec les textes en vigueur, notamment la loi N° 14-012/AU du 9 juin 2014 fixant les critères de détermination des sièges des hôtels de ville des communes en Union des Comores”.
Le maire de ladite commune, Nakib Ali Soilihi, a, d’ailleurs, avancé qu’il est stipulé, dans son article 2, que sont désignés pour abriter les sièges des hôtels de ville des communes en Union des Comores, “les localités qui ont été les premiers centres d’activité administrative en ayant abrité les services publics de l’administration locale” notamment, école, hôpital, centre d’État-civil et justice cadiale.
“C’est une première dans l’histoire de notre pays. Elle ouvre une brèche à toutes les velléités revendicatrices et déstabilisatrices, jette l’opprobre, la haine entre les habitants et sape les principes du vivre-ensemble”, dit-il. “La région de Mbwakuu s’oppose à cette tentative portant à affaiblir les conditions du développement local et de la stabilité qui garantissent l’amélioration de la capacité institutionnelle de notre pays relative à la promotion de la paix, de la fraternité, de la dignité, du respect de notre histoire et de la démocratie”, alerte-t-il.
La loi N° 14-012/AU du 9 juin 2014
Le maire a saisi cette occasion pour attirer l’attention du chef de l’État, garant des institutions sur la nécessité d’interpeller les autorités engagées dans cette volonté de “déstabilisation afin de veiller au respect des lois, à la légalité constitutionnelle et à la consolidation de la paix”. Cet élu rassure les habitants des sept localités que “les institutions sont régies par des lois et non par des opérations de communication”. Un des notables de la région, Mbechezi Ali, a, par ailleurs, fait savoir que les représentants ont été fermes après l’annonce de ce transfert par l’autorité insulaire. “La capitale de Mbwakuu ne se transfère pas. Les sept autres localités sont fermes sur ce dossier et ne céderont pas.
La mairie et la préfecture restent dans notre chef-lieu. Si la gouverneure ouvre une mairie ou hôtel de ville à Hantsindzi, cela n’est pas fait pour la région de Mbwakuu, notamment nos sept localités unies. C’est regrettable de nous conduire vers une situation incertaine”, a-t-il râlé dans ce foyer noir de monde.
Pour sa part, en tant que président du Collège des sages et au nom de la capitale fédérale, Damir Ben Ali, appelle au calme, à la paix et à la cohésion et à la retenue après une piqûre de rappel de l’historique de cette région. L’historien insiste sur les difficultés et la fragilité de la paix qui y régnaient vingt ans avant la situation actuelle.
“Si cette région, historique, est menacée, cela sous-entend que Ngazidja est menacée. J’appelle la région à présenter cette situation au président de la République. Au nom de la notabilité de Ngazidja, je vous exhorte d’abord à préserver la paix, à privilégier le dialogue. Ne cédons pas aux tentatives. Heureusement que la paix et l’unité règnent”, souligne le sage.