La France commémore aujourd’hui le 106eme anniversaire de l’Armistice signé le 11 novembre 1918 et qui a mis fin à la Grande Guerre. Aux Comores, une cérémonie d’hommage aux tirailleurs comoriens morts pour la France entre 1914 et 1918 a été organisée, un jour d’avance, hier dimanche à Moroni, à l’initiative de l’Association des anciens combattants français en Union des Comores (Aacfuc) avec l’appui du gouvernement et le soutien de l’ambassade de France aux Comores.
L’événement a eu lieu en présence du ministre de l’Intérieur, Mahamoud Fakridine, du directeur de cabinet du chef de l’Etat, chargé de la Défense, Youssoufa Mohamed Ali, de l’ambassadeur Sylvain Riquier, du maire de Moroni, Abdoulfatah Said Mohamed, des Colonels Said Hamza, Normal Mze, Soilihi Abdallah Rafick, Ahmed Sidi, Naoufal Boina, du chef de corps de l’And Kamal Ali, de plusieurs anciens combattants comoriens et des membres des familles des tirailleurs.
L’honneur et l’esprit de sacrifice
La séance d’hommages, qui a eu lieu à la Place de France, devant la stèle érigée à la mémoire des soldats tombés, a été ponctuée par les solennités habituelles avec une levée des deux drapeaux et la traditionnelle sonnerie aux morts, suivie des hymnes nationaux des deux pays. Les participants ont salué la bravoure et l’esprit de sacrifice des tirailleurs comoriens enrôlés dans de bataillons avant d’être envoyés au front au plus fort de la bataille notamment à Verdun en octobre 1916. Environ «1.300 Comoriens» avaient participé à la Grande Guerre. On compte «1140 morts et 160 survivants.»La France honore, depuis 2012, ces milliers de tirailleurs africains dont l’histoire est souvent méconnue.
« Le haut commandement militaire français a loué leur courage et leur endurance. Un monument «aux Somalis morts pour la France », qui intègre les combattants comoriens, a été inauguré en 1961 prés du cimetière militaire de Cuts dans l’Oise », a souligné l’ambassadeur de France. «Tous ces braves, avec l’encouragement moral du grand Cadi des Comores, sont tombés loin de chez eux. Nous leur exprimons un profond respect pour leur sacrifice », a ajouté Sylvain Riquier qui doit présider ce lundi 11 novembre une cérémonie solennelle à la résidence de France à Vwadju à l’occasion de la célébration officielle de l’Armistice. Devoir de mémoire pour les uns, défense des valeurs communes de liberté pour les autres, les orateurs ont renouvelé leur respect à l’égard de ces Comoriens, souvent démunis et sans formation militaire de base mais qui ont voulus défendre «un idéal de liberté » en participant à la libération de la France. «Nous disons à leurs familles et leurs descendants d’être fiers d’eux », a, souligné, de son côté, l’adjudant-chef Ousseine Attoumani, président de l’Association des anciens combattants français en Union des Comores (Aacfuc) qui annonce «un travail de fond» pour «mieux connaitre suffisamment ces tirailleurs».
La défense des valeurs communes de liberté
Saluant l’engagement des Comoriens qui ont versé leur sang, le directeur de cabinet du chef de l’Etat, en charge de la Défense a également rappelé l’esprit de liberté qui a animé ces tirailleurs comoriens. «Le 11 novembre, jour de l’armistice, c’est bien plus qu’une commémoration. C’est un rappel profond des sacrifices consentis pour défendre la liberté, la dignité humaine et l’indépendance des peuples», a souligné Youssoufa Mohamed Ali. «Permettez-moi, au nom de la nation comorienne et de notre gouvernement, d’exprimer ma gratitude aux anciens combattants à tous ceux qui ont répondu à l’appel du devoir, souvent au péril de leur vie. Vous avez été les Artisans de la paix et les défenseurs des valeurs universelles».L’association des anciens combattants, est créée en 1964 par le Sultan Saïd Ousseine. Elle a été dirigée ensuite par le colonel feu Mahamoud Mradabi, puis Saïd Islam et Abdillah Said Ousseine qui a transmis le flambeau à Ousseine Attoumane.Le nouveau bureau souhaite redonner un éclat nouveau à cette commémoration en permettant notamment aux nouvelles générations de perpétuer la mémoire de ces hommes qui ont sacrifié leurs vies pour faire honneur à la Nation.
Le dialogue pour régler les conflits
Le maire de Moroni, Abdoulfatah Saïd Mohamed a ainsi fait « une mention spéciale à ces hommes qui nous ont honorés et qui ont laissé leurs vies pour nous offrir cet honneur à souligner haut et fort notre concours, en tant que pays, à la libération de la France» en 1918. «Nous devons également faire en sorte que vous, jeunes générations, vous gardiez en mémoire l’immense sacrifice que nos grands-parents ont consenti en allant faire la guerre pour la paix», a demandé Ousseine Attoumani qui a défendu les liens d’amitié qui lient la France et les Comores et qui appelle à les resserrer davantage dans un esprit de dialogue permanent.
Alors que le monde est tenaillé par les conflits, rappelant les prémices d’une guerre généralisée, les officiels présents ont ravivé la flamme de la paix, appelant à ne pas rééditer les deux pires sombres moments de l’histoire contemporaine, en faisant allusion à la première et à la deuxième guerre mondiales. «La leçon du 11 novembre, c’est de se souvenir qu’au regard du prix payé, la guerre n’est pas un mécanisme pertinent de règlement des conflits. Le 11 novembre, c’est la démonstration de la nécessité de la paix, comme assise pour affronter les divergences, car elles subsistent, pour les traiter dans un esprit de dialogue et de négociations», a souligné Sylvain Riquier.
«Nous affirmons notre engagement inébranlable pour la paix, la stabilité et le respect mutuel. (…). L’Armistice est bien plus qu’un événement historique, c’est un héritage que nous avons le devoir de transmettre aux générations futures », a, de son côté, indiqué le patron de la Défense. «Dans un monde où les conflits menacent encore la stabilité de nombreux pays, il est essentiel de nous souvenir des leçons du passé pour éviter de répéter les erreurs », a ajouté Youssoufa Mohamed Ali qui insistera sur «l’importance de la paix, de la solidarité et de la coopération entre les nations».
Contexte électoral oblige, le directeur de cabinet du chef de l’Etat a appelé à la paix et à l’unité des Comoriens appelés aux urnes en janvier et en février 2025. «Mettons de côté nos divergences inutiles et nos conflits stériles pour penser d’abord au pays. Le président a pris en compte la doléance des groupements de l’opposition en prorogeant le délai des dépôts des candidatures. Nous devons travailler dans le sens de l’intérêt du pays comme le fait le chef de l’Etat», a conclu Youssoufa Mohamed Ali.