D’un côté, des déclarations prometteuses. De l’autre, des quais toujours vides. Annoncée avec emphase début mars par les autorités malgaches, la réouverture des frontières maritimes avec les Comores devait marquer le retour à une circulation normale entre les deux pays. La perspective d’un rétablissement du trafic maritime avait suscité un soulagement chez les armateurs comme chez les voyageurs. Mais plusieurs jours plus tard, rien n’a bougé.
Un ping-pong institutionnel
Le navire Kea Fatima, censé relancer la desserte entre Moroni et Majunga, n’a finalement pas quitté le port de Moroni, malgré une première autorisation officielle. Son armateur, dans un communiqué publié le 21 mars, s’est excusé auprès de ses clients tout en affirmant n’avoir reçu aucune explication quant à l’interdiction de départ. «L’État comorien a décidé d’interdire le navire de quitter le port», peut-on lire dans le texte, qui souligne l’ambigüité d’une situation où «les autorités nous bloquent sans justification». Le flou administratif s’épaissit à mesure que les questions s’accumulent.
Interrogée, une source au ministère des Affaires étrangères assure avoir rempli «toutes les obligations diplomatiques et politiques » pour permettre la reprise des liaisons. «S’il y a des verrous, ils doivent être au niveau des institutions techniques », renvoie un haut responsable. Mais du côté de ces «institutions techniques», le silence domine. Le directeur général de l’Agence nationale des affaires maritimes (Anam), en déplacement en France, renvoie vers la capitainerie du port de Moroni. Celle-ci décline toute responsabilité «veuillez-vous adresser aux autorités compétentes». A la présidence, le directeur de cabinet du chef de l’État explique que c’est au ministère des Transports de s’exprimer.
Contacté à son tour, le ministre n’a pas répondu à nos sollicitations. Selon des sources sanitaires, il existerait une possible friction autour des mesures sanitaires exigées par Madagascar. Il faut rappeler que les autorités malgaches exigent, entre autres, la désinfection des biens, le lavage des mains, le renforcement des contrôles aux frontières et enfin la «chimioprophylaxie» pour les voyageurs. Serait-ce ces différends d’apparence technique qui soient à l’origine de la non-reprise du trafic maritime entre les deux pays?