Nommé le 17 juillet dernier pour expédier les affaires courantes au sein de l’entreprise publique après la suspension, le même jour, d’Ali Hadji Mmadi, le directeur général par intérim a d’abord hésité à nous parler avant de se raviser à la seule condition d’abréger les échanges. « J’espère que vous n’allez pas me poser beaucoup de questions, il faut être bref car je ne suis qu’un intérimaire », glisse-t-il avant de nous inviter à prendre place, dimanche 20 juillet, dans son bureau au siège de Comores télécom à Volo-volo. « Je n’aime pas trop parler dans les médias, même si je suis un fan des médias », justifie-t-il, l’air toujours méfiant.
18 ans à Comores Télécom
Ce choix de vivre dans l’ombre est la marque de fabrique de ce haut cadre qui a appris à toujours travailler dans l’anonymat, sans bruit ni trompette, loin des caméras, sans pour autant perdre les vertus de la rigueur. « Je ne transige pas avec la légèreté et l’oisiveté. J’aime ceux qui bossent et qui ont surtout des résultats », admet-il. « Je n’ai pas de leçons à donner à qui que ce soit. Mais encore une fois, j’aime ceux qui travaillent », ajoute-t-il, précisant que l’une de ses urgences est de « redonner confiance aux agents, les mettre en valeur et les pousser à travailler et à apporter le meilleur d’eux-mêmes au profit de la société ».
Abderemane Saïd Abdallah préfère ne pas exposer de priorités, car il estime que la brièveté probable de sa mission ne le justifie pas. « Je suis un intérimaire. Je n’ai pas à mettre en œuvre un plan spécifique. Ma présence est temporaire », explique-t-il. Pour autant, il dit vouloir régler un aspect qui lui tient à cœur, à savoir « la stabilisation de l’énergie pour stabiliser le réseau », estimant que les perturbations dues à la rupture quasi régulière de l’alimentation dans les stations de transmission ont causé un préjudice à la société. « Nous sommes une entreprise commerciale, nous avons des produits, il faut les rendre attractifs auprès de la clientèle. Et pour ce faire, je souhaite en priorité stabiliser nos capacités énergétiques. Il nous faut une autonomie énergétique car cela nous permettra de stabiliser le réseau et d’améliorer la qualité de nos offres », souligne-t-il.
Chef de projet Huri Money
Diplômé en sciences économiques en 1999 après des études à l’Université de Toulon dans le Var, en France, il devient, quelques années après, enseignant à la Faculté de droit et des sciences économiques de l’Université des Comores, avant d’intégrer Comores Télécom en 2007. Il comptabilise donc dix-huit ans au sein de la société. Abderemane Saïd Abdallah a entamé sa carrière d’agent d’abord au service de comptabilité et budget de 2009 à 2011 avant de se voir confier le service de comptabilité internationale de 2011 à 2017.
Peu connu du grand public, l’homme a pourtant été au cœur de nombreuses innovations au sein de la société. Directeur commercial de 2017 à 2020, le directeur général par intérim compte divers produits et chantiers à son actif : le système d’interconnexion, les forfaits illimités, Wandzani, Huri Champion, le contrat avec la Fédération de football des Comores pour accompagner les Cœlacanthes, la convention avec des médias comme Al-watwan et une radio marocaine, ou encore le partenariat avec des artistes pour faire la promotion de l’opérateur historique. « Nous avons travaillé en équipe pour accorder une visibilité à la société, car une société commerciale, c’est avant tout sa visibilité, la qualité des services, l’écoute et la satisfaction de la clientèle », souligne-t-il.
Après une formation d’un an au Maroc (2012-2013) sur les modèles des coûts d’interconnexion, Abderemane Saïd Abdallah mettra au point le programme de mise en place d’un système d’interconnexion avant même l’arrivée d’un deuxième opérateur. Il sera également chargé du projet de mise en place de Huri Money, une des filiales de Comores télécom spécialisée dans la monétique.
Pour lui, la société a le mérite de retrouver ses lettres de noblesse, de mettre en valeur ses agents et de redynamiser ses activités à tous les niveaux. « Nous devons continuer à y travailler, car la deuxième priorité pour moi après la stabilisation de l’énergie, c’est de voir comment faire du chiffre. Il nous faut du chiffre, le potentiel est là, il suffit d’y travailler », conclut Abderemane Saïd Abdallah.