On en sait désormais un peu plus sur le réseau de fraudeurs qui « prospéraient » au nez et à la barbe de Comores Telecom. Interpellés le 3 juillet par la gendarmerie nationale, les membres de ce groupe démantelé depuis, ont livré quelques informations sur les méthodes qu’ils ont utilisées au cours de ces dernières années.
Pour le moment, deux personnes, toutes deux d’origine togolaise, sont placées sous mandat de dépôt à la Maison d’arrêt de Moroni. Il s’agit du directeur de l’université africaine des métiers d’ingénierie (Uami), une des sociétés bénéficiaires des prestations de ce réseau de fraudeurs et le patron de l’équipe lui-même. Ce dernier est ingénieur en informatique et en même temps mathématicien formé aux Etats-Unis. Il avait créé sa propre société, Siwa Tech. Celle-ci a pu voir le jour grâce à son épouse, une comorienne qui s’est chargée de s’occuper des procédures, avons-nous appris auprès d’une source proche de l’enquête. «C’est donc à travers Siwa Tech, que cet expert qui fut dans un passé récent le concepteur du réseau boucle locale radio (Blr) utilisé par l’opérateur national, faisait tourner son commerce. Avant de s’installer aux Comores, ce technicien venait souvent en mission à la suite d’un partenariat liant Comores Telecom et Wacian Tech», a ajouté notre interlocuteur.
Préjudice non évalué
Selon toujours notre source, ce Togolais a admis s’être servi des ressources de l’opérateur historique. Visiblement, cela ne lui a pas posé de problème puisqu’il y a travaillé depuis 2017, en tant que consultant de Wacian tech avant de rendre sa démission l’année dernière. Raison pour laquelle, personne au sein de Comores Telecom n’a été capable de détecter le moindre bug ou faille. Selon nos sources, c’est sa petite amie «qui a tout balancé sur l’existence du réseau parallèle».
A propos des services que la société offrait, on retrouve, entre autres, la vente de la data. Et des clients comme la société Western Energy, avaient accès à une connexion illimitée. Ainsi, toutes les sociétés qui bénéficiaient « des prestations » de Siwa tech payaient à leur tour des factures tous les mois à l’instar d’Eiffage, Lafarge. Sur les complices présumés, trois sont placés sous contrôle judiciaire : l’épouse et le frère du patron de Siwa Tech qui est un informaticien et enfin «un employé de Comores Telecom qui aurait aidé le technicien togolais depuis l’intérieur».
Un Béninois également cité dans cette affaire est en revanche libéré car son implication n’a pas été avérée. Le dossier est confié à un juge d’instruction qui est chargé de mener les investigations. Confiant, Me Youssouf Atick, avocat engagé pour défendre les intérêts de Comores Telecom dit faire confiance à la justice. « Nous attendons des indemnisations pour les préjudices causés. Je suis convaincu qu’il y aura une audience équitable une fois que l’instruction prendra fin», espère l’avocat de l’opérateur national dans un entretien téléphonique qu’il a eu avec Al-watwan hier. Jusqu’à présent aucun chiffre du dommage subi n’a été dévoilé.
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