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Comores Telecom I Démantèlement d’un réseau présumé de fraudeurs, des grandes sociétés dans le viseur

Comores Telecom I Démantèlement d’un réseau présumé de fraudeurs, des grandes sociétés dans le viseur

Société | -   Abdou Moustoifa

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Des sociétés comme Lafarge, Eiffage ou encore l’Université africaine des métiers d’ingénierie (Uami) figureraient sur la liste des clients de ce réseau, a-t-on appris auprès d’une source proche de l’enquête. Actuellement, six personnes sont en garde-à-vue. Un préjudice énorme pour Comores Telecom.

 

L’opérateur national des télécommunications vient de découvrir qu’un ancien technicien d’une société étrangère avec laquelle il traite depuis des années avait ouvert un réseau présumé frauduleux. Le technicien en question vendait des services internet et crédit à des prix moins compétitifs.Les investigations menées par la gendarmerie ont permis de mettre la main sur le principal suspect, un Togolais. Il s’agirait d’un expert envoyé aux Comores par son employeur, la société Wacian Tech qui traite avec Comores Telecom depuis 2012. Cette entreprise offre des solutions d’internet à l’opérateur national. 

C’est donc après avoir collecté quelques informations que la gendarmerie a pu l’appréhender. Depuis le 3 juillet, celui-ci qui, apparemment, était le chef d’équipe des experts de la société Wacian Tech affectés à Moroni, et son frère sont placés en garde-à-vue. Deux collègues béninois qui travaillaient à Comores Telecom sont également arrêtés. Un employé comorien de l’opérateur national (le chef du service internet) se trouve aussi entre les mains de la gendarmerie.


Le dossier est confié à un juge d’instruction, nous dit-on. «Rassembler des preuves était un peu compliqué car même Comores Telecom n’avait pas réussi à avoir des preuves tangibles. Il a fallu creuser ici et là pour tomber sur des factures. Au final, il est passé aux aveux. Ce Togolais, qui est donc le principal cerveau de ce groupe semble-t-il était chargé d’installer le réseau Blr», a poursuivi notre source.

Démission en 2019

Tout commencerait en 2019, lorsque cet expert a rendu sa démission à la surprise générale. On pense donc que c’était à ce moment qu’il se concentrait sur ses activités secrètes. Son réseau vendait donc de l’internet surtout, bien sûr, en dehors du circuit normal, donc à des prix dérisoires. Pour l’instant, il est difficile de déterminer depuis quand ce réseau parallèle existait. En revanche, les enquêtes ont permis d’identifier quelques clients. Sur la liste, on retrouve, entre autres, les sociétés Lafarge, Eiffage et l’Université africaine des métiers d’ingénierie (Uami) dont le directeur, un Togolais, est lui aussi en garde- à-vue. Les étudiants de cet institut recevaient de la data.


Al-watwan a tenté d’obtenir des réactions des responsables de ces trois sociétés et seule Eiffage a donné suite. «Nous avons appris par les services de la gendarmerie qu’une affaire était en cours d’instruction contre cette société. Nous ne pouvons pas nous prononcer. Sachez qu’Eiffage respecte les lois et que jamais il n’aurait encouragé ni assisté de telles pratiques et qu’elle se réserve le droit d’agir en justice en temps voulu contre les fournisseurs ou prestataires qui auraient été impliqués dans de tels agissements», a répondu le directeur de Eiffage, David Gontier.


Les responsables de ces sociétés ont été entendues dans le cadre de l’enquête. Une société dénommée Western energy figure, par ailleurs, sur le carnet des clients. Concernant les méthodes utilisées pour monter sa boite, le principal suspect a admis avoir installé des antennes relais dans deux pylônes de Comores Telecom au moment où il représentait la société Wacian Tech. L’on se demande comment l’opérateur national n’a pas pu déceler la moindre incohérence pendant toute cette période. «Il faisait partie des meilleurs techniciens étrangers que nous avions», a reconnu un cadre de la maison.


La gendarmerie a saisi tous les équipements retrouvés chez les clients à l’instar des modems et autres accessoires. Du côté de Comores Telecom, on n’a pas souhaité faire de commentaires, préférant laisser la justice faire son travail. A l’heure actuelle, une commission a été mise en place pour évaluer le manque à gagner de cette escroquerie présumée.

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