logo Al-Watwan

Le premier journal des Comores

Comores Telecom : silence après des révélations de mauvaise gestion présumée de la société

Comores Telecom : silence après des révélations de mauvaise gestion présumée de la société

Société | -   Abdou Moustoifa

image article une
Dans une lettre au vitriol rendue publique vendredi dernier, la directrice des interconnexions dénonce une gestion présumée opaque à Comores Telecom. Le directeur général de l’opérateur historique des Télécommunications, mis en cause dans ce courrier aurait, depuis sa nomination, «causé à la société un préjudice estimé à 1 milliards de francs comoriens, pour des contrats contreproductifs qu’il aurait signés». Et ce, malgré les mises en garde de ses collaborateurs. L’intéressé n’a pas souhaité faire de commentaires. On ignore les raisons.

 

Le directeur général de la société nationale des Télécommunications n’a pas souhaité réagir suite aux révélations de mauvaise gestion présumée de l’entreprise étalée au grand jour par la directrice des interconnexions, Housna Zoubeiri. Il y a quelques jours, au cours d’une conférence de presse, Archimed Ahamada, répondant à une question d’un journaliste sur le conseil de direction, avait mis en avant l’incompétence des membres pour justifier sa suspension. Et la réplique de la directrice des interconnexions ne s’est pas fait attendre. Siégeant au sein dudit conseil, Housna Zoubeiri a signé une correspondance en date du 23 mai qui contredit les propos de son chef. Un courrier jugé explosif. Elle y dépeint un personnage qui ne tient, selon lui,  «qu’à sa tête, hostile aux avis des autres». Hier, Al-watwan a contacté le cabinet du directeur mais personne n’a voulu faire un commentaire. La seule réponse que nous avons eu droit est «notre chef ne veut pas réagir sur cette affaire».
Dans sa lettre, la directrice des interconnexions (Di) a démonté un à un les arguments d’Archimède Ahamada. En sa qualité de membre du Conseil de direction, elle a voulu prouver qu’elle soumettait bel et bien des propositions sur différents sujets. Toutefois, celles-ci n’ont jamais connu une suite car ignorées par le directeur général. «Monsieur le directeur si vous avez décidé de suspendre le conseil pour éviter toute idée contradictoire parce que vous voulez toujours avoir raison», reprochera la directrice des interconnexions de Ct.

Préjudice de 1 milliard

Si elle a brisé le silence, c’est pour sauver son professionnalisme et sa loyauté après 14 ans de service,  a-t-elle tenu à préciser. Housna Zoubeiri a voulu apporter des preuves pour justifier que les directeurs techniques proposent bien évidemment des idées au directeur général mais que ce dernier les classe sans suite. Plusieurs contrats qui se sont avérés contreproductifs, selon elle, pour la société nationale des télécommunications auraient été signés par Archimède, malgré les avis défavorables de sa directrice des interconnexions. Zeus du nom d’une société qui doit encore des sommes astronomiques à Comores Telecom, et Tgcom auraient par exemple réussi à arracher des contrats avec l’opérateur historique malgré tout.  «Cinq mois après votre nomination, vous avez signé un contrat avec Zeus pourtant je vous l’ai déconseillé. Ce fournisseur a une dette (1 150 000 euros) envers notre société qui date de 2017», explique-t-elle dans son courrier de quatre pages. Tgcom, lui, fait payer à Comores Telecom pour ce qui est du tarif de terminaison d’appel, 0.34 euros la minute alors que d’autres partenaires tels que Orange ferait ce travail pour 4 centimes de moins. Une décision prise unilatéralement par le directeur général, dénonce-t-on dans la correspondance devenue virale sur les réseaux sociaux depuis sa publication.
On apprend que les deux contrats suscités ont fait perdre 1 milliard de francs comoriens en sept mois à l’opérateur.  Si le rythme restait le même, a prévenu Housna Zoubeir, le préjudice atteindra les 2 milliards au bout d’un an. Autre conséquence engendrée par cette attitude : les Comoriens résidant en France vivent un calvaire depuis un moment.

Responsables de tout

Ils sont, en effet, harcelés par des Bips. S’ils tentent de rappeler les numéros, «leurs appels sont redirigés vers des fraudeurs qui s’enrichissent grâce aux frais de la terminaison des appels», indiquent d’autres sources. «Une arnaque qui aurait pu être évitée si la plateforme Sip/Sbc, censée sécuriser et gérer toutes les interconnexions Voip entre Ct et les autres réseaux avait été mise en place. La directrice des interconnexions avait fait une recommandation dans ce sens dans une note datant du mois de mai,
Il est reproché, par ailleurs, au directeur général de Comores Telecom «d’avoir choisi un partenaire qui taxe trois fois plus cher» par rapport aux offres soumis par des opérateurs de renommée internationale avec lesquels la directrice des interconnexions avait négocié pour assurer le transit Ip. «En voulant gérer seul la société, vous demeurez le seul responsable de la faillite de Comores Telecom», lit-on vers la fin de la lettre. Contactée, Housna Zoubeir n’a pas souhaité apporté un autre commentaire. Par contre, elle a reconnu avoir été bien l’auteure de la lettre. Quatre jours après les révélations de ce courrier, c’est le silence total.

Commentaires