C’est par une lettre manuscrite, non datée, adressée à «ses amis» que le leader du mouvement politique Hury, Achmet Said Mohamed, annonce son intention d’entamer une grève de la faim dès ce 20 janvier. Le courrier, qu’Al-watwan a pu consulter, commence en ces termes : «Vous avez été nombreux à venir me voir (…) pour me dissuader de ne pas mettre ma vie en danger par cette grève de la faim que je m’apprête à entamer dès ce lundi ».
«Il a commencé une grève de la faim. C’est une grève illimitée et il ne compte boire que très légèrement », a confirmé l’avocat de l’ex-candidat à l’élection présidentielle de 2019, Me Djamal El-dine Bacar, contacté par votre journal. Une source de l’administration pénitentiaire explique avoir tenté «de dissuader Achmet de protester de la sorte. Mais face à son refus, nous avons informé le médecin de la prison de sa décision afin qu’il prenne les dispositions nécessaires en cas de complications ».
«Une libération ou un jugement»
Achmet Said Mohamed, qui a passé une année en prison, attend, par cette forme de contestation plutôt inédite en Union des Comores, «une libération ou un jugement», est-il écrit dans le courrier, long d’un peu plus de 3 pages. «Je suis séquestré depuis plus d’une année. Que dit le droit dans ce cas ? Quelle est la limite pour une détention provisoire ? », interroge le docteur en chimie. Il préfère répondre à la question dans la phrase qui suit : «Dans son alinéa 2, l’article 145 du code de procédure judiciaire (sic) dit 4 mois de détention renouvelable une fois, soit donc 8 mois au total ».
Interrogé à son tour sur ce sujet, le procureur de la République près le tribunal de Moroni, Abdou Ismaël, a expliqué que «c’est une procédure de la cour de sûreté, donc le parquet de la République n’a pas à se prononcer». Dans la missive, Achmet parle également de détenus «séquestrés de manière illégale depuis plus de 3 ans sans être jugés». «Je vais entamer cette grève de la faim pour contester cette séquestration et mettre la lumière sur les dizaines de personnes détenues sans jugement», a-t-il indiqué. Pour lui, s’il y a eu commission de crimes, « nous avons droit à des procès pour que nous puissions savoir ce qui nous est reproché».
Ce père de deux enfants a été inculpé pour «des faits d’attentat et de complot contre l’autorité de l’Etat et pour tentative de commission d’actes terroristes » présumés, estime que la grève de la faim «n’est qu’une suite logique de son engagement», à savoir «une justice libre et indépendante ». Il termine son courrier par ces mots : «De cette grève, j’attends une libération ou un jugement. Si je venais à mourir, je serais mort en défendant la justice».