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Com’Air Assistance I La société plombée par un personnel pléthorique et des dettes astronomiques

Com’Air Assistance I La société plombée par un personnel pléthorique et des dettes astronomiques

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La société d’Etat Com’Air Assistance croulerait sous les dettes qui dépasse largement son capital social de 112 millions. La dette est aujourd’hui estimée à "360 millions", essentiellement "de factures impayées". C’est ce qu’affirmé une délégation de hauts cadres de la société arrivée mardi dernier à Al-watwan.

 

La société d’Etat Com’Air Assistance croulerait sous les dettes qui dépasse largement son capital social de 112 millions. La dette est aujourd’hui estimée à “360 millions”, essentiellement “de factures impayées”. C’est ce qu’affirmé une délégation de hauts cadres de la société arrivée mardi dernier à Al-watwan.


La société doit 20 millions de francs comoriens au spécialiste mondiale des communications et des technologies de l’information dans les transports aériens (Sita) soit une diminution de 18% du chiffre annuel de la société, plus les 69 millions d’impôts et 4 millions à la mutuelle. Le calvaire financier commence au mois de novembre 2019, une succession de soucis caractérisée par des irrégularités et de la “mauvaise gestion de la direction générale”, selon la délégation. Com’Air employait 257 agents mais “les recrutements massifs s’accélèrent et passent actuellement à 481 agents”, affirme Mbaé Ahmed, chef service qualité.


Des agents que le service n’arrive guère à indemniser, ce qui a engendré “une restriction de nos indemnités notamment de risques et de transports”. En avril, avec l’arrivée de la Covid-19 l’ensemble du personnel a saisi la direction afin de prendre les dispositions évitant une descente aux enfers de la société. Selon Mbaé Ahmed, “une des dispositions prises était de faire tourner les agents dans une forme de rotation en leur garantissant 10% ajouté au 40% du chômage technique pris en charge par le gouvernement”. Le 7 Septembre, “206 personnes ont réintégré leurs travaux sans explications, laissant la majorité composée d’anciens expérimentés et des techniciens au repos”. La crise n’a fait qu’aggraver les problèmes internes de la société obligeant le personnel à saisir le gouvernement en novembre.


Le nouveau ministre des Transports, Djaé Ahmada Chanfi “s’est déplacé pour rencontrer l’ensemble du personnel et a sollicité la mise en place d’une commission représentative de 5 personnes pour trouver une solution aux difficultés. Trois réunions avec le ministre ont eu lieu et étaient axées sur la situation et les revendications globales de la société”, déclare le chef du service qualité.


Le syndicat voulait que l’ensemble du personnel puisse reprendre service “et c’était possible puisque le chef comptable a promis la régulation de 50% de nos salaires sans les indemnités”. Seulement, cette restriction des indemnités a choqué le personnel et qu’il juge partial, car “la direction continue à bénéficier des siennes”. Encore plus surprenant pour notre source, “nos confrères d’Anacm et d’Aimpsi, qui ont les mêmes activités n’enregistrent aucun arriéré et ceux pour l’ensemble des travailleurs y compris ceux qui sont au chômage technique”.


Com’Air enregistre 5 mois d’arriérés pour ceux qui sont au chômage technique et deux mois pour ceux qui travaillent. Depuis février 2020, “Com’Air ne dispose d’aucun système d’enregistrement automatique. Et pour cause, un tableau de bord affiche plus de 20 millions de francs comoriens de dette non versées au spécialiste mondial des communications et des technologies de l’information dans les transports aérien”, assure Mbaé Ahmed. L’enregistrement automatique non seulement enregistre et facilite les cartes d’embarquement mais fait aussi rentrer 18% du chiffre d’affaires annuel de la société, nous dit-on. À cela s’ajoute la dette du mutuel de santé qui est estimée à hauteur de plus de 4 millions de francs comoriens en plus des 69 millions que la société doit aux services des Fiscs. A cela s’ajoute aux cotisations non honorées à la caisse de retraite estimées à hauteur de “131 millions de francs comoriens”.


Contacté hier soir par Al-watwan, le directeur général de Com’Air Assistance a reconnu les difficultés financières que connait la société mais précise que “cela ne date pas d’aujourd’hui”, faisant notamment allusion aux arriérés de cotisation à la Caisse de retraite. Mohamed Moimba ajoute que les soucis financiers sont “la conséquence de la crise sanitaire” qui a fait chuter les recettes.

A la question de savoir pourquoi la société continuait à recruter alors que les conditions financières ne le permettaient pas, le directeur renvoie la balle “à des autorités” dont il n’a pas pris le soin de les nommer. “Il y a eu de pressions politiques, je ne pouvais rien faire”, a-t-il concédé. Au sujet des dettes accumulées et le plan de sortie de crise, Mohamed Moimba n’a pas souhaité réagir. “Il y aura une réunion demain (aujourd’hui, Ndlr), vous pouvez venir voir les services financiers, ils vont vous donner tous les détails”, a-t-il conclu au téléphone.

Mohamed Avoka (stagiaire)

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