La société émiratie qui reprend l’aéroport a exigé le départ de 500 agents. Expliquez-nous comment la répartition se fera entre les îles ?
La société concessionnaire n’a pas exigé le départ d’agents. Vous comprenez qu’elle ne peut pas opérer avec une masse salariale qui représente 80 pour cent des recettes. Donc il y a eu une évaluation du personnel menée avec l’aide d’une société de conseils et des experts en matière d’exploitation aéroportuaire. Suite à cette évaluation, il a été décidé une restructuration du personnel comme suit pour l’Adc. En tout, 252 agents ont été retenus pour être redéployés dans la nouvelle société chargée de l’exploitation de l’Aéroport International Moroni Prince Said Ibrahim. Leur contrat y est transféré. Ils ne perdent aucun droit acquis. Seuls 18 agents seront affectés au siège d’Adc, qui continue de gérer les installations domestiques. Au terme de l’accord, le concessionnaire gère l’aéroport international sans les installations Bandar-es-Salam et de Ouani.
Qu’en est-il de la troisième catégorie ?
La troisième catégorie est celle des employés qui feront l’objet d’un licenciement économique : 260 employés sont concernés. Il est impossible de les prendre dans la première ou la deuxième catégorie. Ils quittent l’entreprise dans le strict respect du code du travail, en application des articles 49 et 50 de cette loi. Il leur sera payé des indemnités de compensation de préavis, d’ancienneté, et des indemnités de licenciements. Quant à la quatrième catégorie, elle est composée des personnes ayant atteint l’âge de la retraite : 14 personnes. Elles percevront une indemnité de départ à la retraite correspondant à trois mois de salaire à l’indice 1515 ainsi que leur salaire du mois d’avril. Il revient à l’Adc et à Com’Air de faire leur réorganisation intérieure conformément aux dispositions pertinentes du code du travail, démarche que les deux sociétés auraient de toute façon dû effectuer depuis très longtemps, compte tenu de leurs difficultés structurelles liées notamment à la pléthore de personnel.
Quels sont les critères pris en compte dans le choix des employés à congédier ?
La sélection s’est fondée sur les compétences des agents et l’adéquation aux postes disponibles, sans aucune considération pour leur village ou île. Le processus de sélection du personnel a démarré en septembre 2024 avec une évaluation des connaissances générales. S’en est suivie une série d’entretiens individuels réalisés avec le concours d’experts en ressources humaines, gestion, exploitation et maintenance des aéroports et services d’assistance en escale. Fin octobre 2024, les chefs des services et superviseurs ont été identifiés et se sont joints aux experts internationaux pour apporter les connaissances locales ayant abouti à la sélection du reste du personnel.
Est-ce que l’aéroport de Hahaya est effectivement passé sous la direction des Émiratis ?
Nous avons transféré le contrôle opérationnel de l’Aimpsi et des services d’assistance en escale de l’Adc et de Com’Air respectivement au concessionnaire depuis le 1er Octobre 2024. Le personnel opérationnel est passé sous la supervision directe de Terminals Holding pour la période de transition. La société d’exploitation Terminals Moroni Airport Management (Tam) a été créée et enregistrée au tribunal de commerce de Moroni en mars 2025. Elle a tenu la première réunion de son conseil d’administration le 1er mai 2025 et a procédé à la nomination de son directeur général qui travaille à la mise en place effective de ses équipes et systèmes opérationnels. Du côté de l’Adc et Com’Air, nous finalisons les procédures légales de notification des licenciements du personnel. Le transfert final interviendra dès que ces préparatifs seront achevés.
Quelles sont les principales clauses du contrat ?
Il s’agit d’un contrat classique de concession d’aéroport. Le gouvernement comorien est le concédant, et la société Terminals Holding, le concessionnaire. Le concédant donne les droits de gestion, d’exploitation, et d’entretien des installations aéroportuaires au concessionnaire. En retour, ce dernier s’engage à investir pour le développement de l’aéroport et des services d’assistance en escale sur la base de l’étude commerciale approuvée par les deux parties et qui identifie les besoins en infrastructures et équipements immédiats, et moyen terme.
Cette étude est complétée par un plan de masse qui détermine les évolutions des installations pour la durée de l’exploitation. Bien entendu, en tant qu’investisseur, le concessionnaire bénéficie des avantages fiscaux prévus par le code des investissements. A noter que la concession n’inclut ni les services de la navigation aérienne qui restent sous le contrôle de l’Asecna, ni la fourniture de carburant qui reste la prérogative de Comor-Hydrocarbures. Également, les services régaliens (douanes, Immigration, contrôle sanitaire, Sûreté nationale, etc) relèvent toujours de l’Etat sans aucune interférence du concessionnaire qui est soumis aux mêmes obligations que chaque entité opérant sur le territoire national.
Pourquoi le contrat est-il tenu secret ?
Le contrat de concession n’est pas tenu secret. Ceux qui ont vocation à connaitre de tels contrats l’ont eu en toute transparence.
Qu’obtiendront les Comores en échange ?
Les Comores vont voir d’importants investissements en termes d’infrastructures aéroportuaires et d’équipements qui ont été retardés depuis trop longtemps faute de ressources. Aussi, le concessionnaire apportera son expertise et son réseau pour développer davantage le réseau aérien avec de nouvelles lignes et compagnies aériennes. Enfin, outre des installations modernes, le personnel bénéficiera des outils développés par le concessionnaire sur d’autres plateformes pour l’amélioration de l’exploitation et l’entretien des installations.
Notre aéroport servira-t-il de base arrière pour des activités militaires ?
L’Aimpsi reste un aéroport commercial civil, soumis aux contrôles techniques de l’aviation civile comorienne. Aucune activité militaire n’y est prévue.
4 milliards de francs d’indemnisations ont été annoncés. Comment seront réparties les indemnisations, sur la base de quoi ?
Il y a un arrêté du ministre de l’emploi de 2015 qui prévoit les modalités de rupture d’un contrat à durée indéterminée. Il précise les délais de préavis et les taux des indemnités de licenciement et d’ancienneté. Il a été scrupuleusement respecté. Nous nous sommes entourés de conseils juridiques et du droit social à cet effet.
Les autorités évoquent une cogestion ? La partie comorienne va gérer quel domaine et quelles seront ses limites ?
Le concessionnaire et le gouvernement ont créé une co-entreprise de droit comorien pour gérer et exploiter la concession de l’Aimpsi. Cette société a été créée en se conformant à la loi sur la gouvernance des sociétés à participation publique. Le gouvernement nomme 3 administrateurs au conseil d’administration qui est l’entité qui délibère sur les orientations de la société. Un des administrateurs comoriens exerce notamment le rôle de vice-président du conseil d’administration.