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Condamnation à perpétuité de Sambi I Une prière et des dénonciations au Foyer Aoulad El Komor

Condamnation à perpétuité de Sambi I Une prière et des dénonciations au Foyer Aoulad El Komor

Société | -   A.S. Kemba

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Les participants ont appelé à la libération de l’ancien président, dénonçant la procédure ayant abouti à sa détention en mai 2018, à son inculpation en août 2018 et à sa condamnation en novembre 2022. L’ex présidnt a été reconnu coupable de «haute trahison» par la Cour de sûreté de l’Etat.

 

Une prière a été organisée, dimanche 18 mai au Foyer Aoulad El Komor à Moroni, en faveur de l’ex-président Ahmed Abdallah Mohamed Sambi, condamné en novembre 2022 à la perpétuité pour haute trahison par la Cour de sûreté de l’Etat après de lourdes accusations sur la gestion du Programme de citoyenneté économique (Pce).
La rencontre, organisée à l’initiative du bureau politique du parti Juwa, avait mobilisé certains hommes politiques dont l’ancien vice-président Idi Nadhoim, l’ancien gouverneur de Ngazidja, Mouigni Baraka Said Soilihi, les ministres Abodo Soefo, Mohamed Daoud alias Kiki, le candidat du Juwa à la dernière élection présidentielle, Salim Issa Abdillah, et de nombreux militants dont des femmes et des notables.

Les orateurs ont, tour à tour, dénoncé «la détention arbitraire et l’emprisonnement illégal» de l’ancien président, appelant «à la fin de l’injustice » dont serait victime l’ex président incarcéré, depuis mai 2018, à sa résidence de Vwadju, transformée en prison annexe. «Trop c’est trop», a crié l’ancien ministre Ahmed Hassane El-Barwane et secrétaire général du parti Juwa.

Une inculpaton en août 2018

Me Mahamoudou Ahamada a fait un bref historique de l’arrestation, la détention, le jugement et la condamnation d’Ahmed Abdallah Mohamed Sambi qui entame, depuis dimanche 18 mai, sa huitième année de détention et d’incarcération. L’avocat, pendant 20 minutes, a fait le procès de la procédure ayant abouti à l’emprisonnement de son client. Il a dénoncé «des abus manifestes, des erreurs, un acharnement, une violation des textes, un procès vicié, des accusations infondées, des preuves de détournement de fonds jamais présentées».


Inculpé officiellement en août 2018 pour « détournement de deniers publics, faux, usage de faux, forfaiture», entre autres, l’ancien chef d’Etat sera finalement jugé pour « haute trahison». L’avocat, devant le public, a remis en cause la légalité et la composition de la cour de sûreté de l’Etat et dénoncé l’instruction dans sa globalité, accusant vertement les responsables de la procédure engagée contre son client.

De lourdes accusations

Pour rappel, Ahmed Abdallah Mohamed Sambi, poursuivi pour de lourdes accusations, a été reconnu coupable de «haute trahison » par la Cour de sûreté de l’Etat au terme de son audience ouverte le 21 novembre 2022. La justice a également ordonné la saisie de tous ses biens. Si, pour certains, la procédure ayant conduit à la détention de Sambi «violait » les principes classiques, d’autres estiment, de leur côté, que l’ancien président ne pouvait pas «s’exonérer» des responsabilités et des failles notées dans l’appareil d’Etat. L’instruction et les informations livrées aux journalistes, à l’époque, avaient fait état «d’une escroquerie à grande échelle et une mafia » au sommet de l’Etat dans le cadre des opérations de vente de passeports. Des réseaux parallèles avaient été institués, selon de nombreux documents d’enquête et d’articles de presse.

«Je n’ai jamais detourné des fonds»

Entre 2008 et 2015 «47.643 passeports avaient été délivrés dont 41604 obtenus à travers des décrets de naturalisation» avec des écarts financiers importants et un manque à gagner estimé à plus 24 milliards de francs comoriens pour le pays, selon l’ordonnance de renvoi du magistrat instructeur. Le mémorandum d’entente signé en avril 2008 assorti d’un montant de 350 millions de dollars, les 105 millions de dollars «au titre de gratification», la loi controversée sur la citoyenneté économique de novembre 2008, le manque de traçabilité des 200 millions de dollars promis, le mirage des mégaprojets qui n’ont jamais vu le jour, le mandat exclusif accordé à Bashar Kiwan, la sécurité nationale posée par le programme et le flou entretenu autour des fonds des deux milliards d’euros de la Fondation Fatma ont été brandis à l’audience par les avocats de l’Etat comorien qui s’était constitué partie civile. «Je n’ai jamais détourné des fonds ni aidé personne à le faire», avait déclaré l’ancien président.

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