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Conflit entre pêcheurs Itsandra et de Moroni I Après les tensions et les heurts, des appels au calme

Conflit entre pêcheurs Itsandra et de Moroni I Après les tensions et les heurts, des appels au calme

Société | -

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Une nouvelle flambée de tensions a éclaté dimanche matin entre les pêcheurs du débarcadère de Magudjuu (Itsangadju) et ceux de Befuni à Itsandra, faisant plusieurs blessés et provoquant des dégâts matériels importants. Le conflit, qui oppose depuis des décennies les deux communautés de pêcheurs, a de nouveau pris une tournure violente entre 9h et 11h, sur la zone littorale de Hankunu. Selon Hamidou Msaidiye, président du débarcadère de Magudju, cette rivalité n’a rien de nouveau. «Cette histoire dure depuis plus de trente ans. Elle a déjà causé des morts, des blessés et des pertes matérielles. Aujourd’hui encore, nous sommes victimes de cette rivalité », a-t-il confié avec amertume.


Une tentative de règlement avait pourtant été engagée avec la mairie de Moroni, qui avait fixé une limite territoriale claire entre les deux zones : de «la ruelle descendant de la maison de Idi, près de Taki». Toutefois, les pêcheurs d’Itsandra continuraient de contester cette délimitation, et revendiquent que la véritable frontière se situe au niveau d’ambassadeur, soit à quelques centaines de mètres seulement d’Itsangadju. Selon les témoignages recueillis, les pêcheurs de Magudjuu étaient en pleine préparation de leurs filets sur la plage de Hankunu, lorsqu’un groupe de pêcheurs d’Itsandra aurait débarqué en brandissant des couteaux. Ils auraient détruit au passage des filets déjà prêts. L’incident a dégénéré rapidement en une bagarre à coups de pierres et de bâtons.

L’incident du 15 septembre

Un pêcheur de Magudju, en pleine mer au moment des faits, aurait été pris pour cible par les agresseurs, qui ont tenté de l’intimider avec une vedette motorisée. Par chance, l’homme a réussi à se défendre et à regagner la rive sain et sauf. Un autre épisode violent a impliqué un certain Nidhoim, qui aurait tenté d’agresser un pêcheur connu sous le nom de Ndjizi avec un morceau de bois. L’affrontement a obligé les pêcheurs de Magudju à battre en retraite temporairement vers leur port pour sécuriser leur matériel et venir en aide à leurs collègues encore sur la plage. « Ils ont lancé des pierres sur nos camarades, certains ont été blessés aux pieds. En tentant de porter secours, nous avons récupéré leur vedette comme moyen de pression», explique encore Hamidou Msaidiye.


Ce conflit n’est pas sans conséquences humaines : le président du débarcadère de Magudju a rappelé la mort de leur collègue Toiha lors d’un précédent affrontement, et appelle aujourd’hui à une justice équitable. «Nous avons porté plainte à la gendarmerie pour nos pertes et les blessures subies. Nous ne pouvons pas continuer à vivre dans ce climat de peur et de violence», a-t-il martelé. Il déplore toutefois le manque de réactivité des forces de l’ordre. «La garde côtière n’a pas répondu à notre appel. Les gendarmes sont venus, mais ils n’ont pas empêché les violences. Ils se sont contentés de poser des questions. Une de leurs voitures est intervenue avec du gaz lacrymogène, mais cela n’a pas suffi à apaiser la situation», regrette ce dernier.

Des suspects ciblés

Hamidou Msaidiye demande l’ouverture d’une enquête sérieuse. Il cite plusieurs noms de personnes impliquées dans les violences, des individus selon lui
«clés» dans l’escalade de ces tensions. Il appelle les autorités à les retrouver rapidement. Malgré la colère et les blessures, le président du port de Magudju prône une résolution pacifique du conflit : «Le recours à la gendarmerie n’est pas une preuve de faiblesse. Nous refusons d’agir de manière violente, car nous ne voulons pas finir en prison.

Eux ont pu s’échapper cette fois, mais qu’en serait-il pour nous si nous ripostons de la même manière ?» Il conclut par un appel au dialogue, à la médiation et à une implication plus sérieuse des autorités communales et nationales pour mettre fin à un conflit qui mine depuis trop longtemps la cohabitation entre ces deux communautés de pêcheurs. Al-watwan s’est rendu au débarcadère de Befuni pour tenter d’avoir la version des protagonistes, mais ces derniers ont refusé de s’exprimer.

Touma Saïd

 

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