Mercredi dernier, de nombreuses personnes ont été surprises par une scène inédite. Des citoyens avaient appris en effet que, Naila -une fille de 7 ans- dont on n’avait aucune nouvelle depuis six jours était «en réalité cachée par sa propre mère». Celle-ci a reconnu avoir orchestré la disparation de son rejeton. Très vite, le parquet ayant réussi à retrouver l’enfant a improvisé une conférence de presse à laquelle avaient pris part de nombreux médias sociaux.
En direct, devant les caméras, le substitut du procureur relatait les faits avec, à ses côtés, la mère, sa complice ainsi que la fillette. Innocente et ne comprenant même pas ce qui se passe, la fillette était obligée de «faire face aux médias». Une présence de premier plan qui n’a pas manqué de faire réagir.
Pour beaucoup, la petite n’avait pas à assister. Interrogé, le secrétaire général du conseil supérieur de la magistrature n’y a vu aucune bévue. «L’enfant n’a subi aucune une maltraitance. Elle n’a pas non plus été victime d’une agression ou d’un viol. Auxquels cas, pour éviter le traumatisme, nous ne devrions pas la ramener. Mais pour le cas présent, Il fallait rassurer la population qu’elle est bel et bien en vie. Je ne considère pas que le substitut a commis une faute», relativise, Soilihi Mahamoud.
Loi de 2005
La loi de 2005 sur la protection de l’enfance et la répression juvénile en dispose autrement pour des situations semblables. Un juriste de la place citera en guise de référence l’article 23 de cette loi, lequel interdit l’assistance du public aux audiences pour mineurs et la publication du compte-rendu des débats. «Par cet article, la loi vise à protéger la dignité et l’honneur du mineur, notamment auteur d’infractions et cette protection a pour impératif de ne pas exposer le mineur en public. A plus forte raison exposer un mineur, même victime de faits quelconques, ne semble pas approprié», a précisé notre source. Au-delà de l’aspect judiciaire, certains pointent aussi l’attitude des hommes de la presse présents, qui diffusaient en direct la conférence et prenaient en photo la fillette.
D’ailleurs, des anciens journalistes dont Ali Moindjié se sont exprimés le jour-même. «Au regard de la loi en vigueur, la fillette exposée au cours d’une conférence de presse au palais de justice ne devait pas être là, ni photographiée, ni filmée. Ces images ne devaient pas être publiées au nom de la protection de l’enfance et de la morale», déplorait sur son mur Facebook, mercredi 12 mai, l’actuel président de l’Observatoire de la déontologie des médias (Odmc). Une position partagée par d’autres confrères qui pensent que «le journaliste a le devoir de protéger les enfants». C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, il est recommandé de cacher le visage de l’enfant, du moins le flouter, lorsqu’on utilise sa photo. L’Odmc compte se prononcer sur le sujet incessamment.