Après de persistantes pénuries d’ailes et de cuisses de poulet, voici que le marché s’en retrouve littéralement inondé. Pas moins de 81 Reefers (conteners frigorifiques) contenant principalement de la volaille ont été acheminés en même temps au port de Moroni, il y a un peu plus de 2 semaines. Pourtant, les commandes étaient échelonnées mais l’accumulation des conteners au port de Longoni à Mayotte, n’en finit pas de dérégler le marché. Certaines marchandises étaient attendues pour les mois de novembre et décembre, la fin de l’année étant propice à la consommation mais la livraison, pour des raisons de logistique a pris du retard. Le marché se retrouve ainsi saturé.
Si le consommateur se frotte les mains après plusieurs mois d’inflation de pouvoir acheter à un coût amoindri, les importateurs font grise mine. En effet, se posent plusieurs problèmes : les grossistes sont confrontés à des charges liées aux surestaries, au surstockage, à une offre de loin supérieure à la demande et donc à un risque accru de mévente. Résultat, le kilo d’ailes s’écoule à 1000 francs, quand il y a quelques semaines, il coûtait 50% plus cher. « Nous sommes obligés de vendre les mabawa en-deçà du prix de revient, c’est une situation intenable », fait savoir cet opérateur qui est en train de mettre en place une stratégie pour écouler son stock plus rapidement. Dans un contexte où le prix du transport et du fret est en hausse. Il en est à se demander s’il pourra effectuer d’autres commandes. « Nous ne pouvons pas échapper à la loi de l’offre et de la demande. Le prix est appelé à baisser pour l’écoulement rapide du produit, quitte à vendre au coût de revient », abonde cet autre opérateur économique. « L’arrivée massive de ces produits créée des problèmes. Nous sommes dans une économie de marché. Surtout que certains importateurs ont un problème de stockage, ceux-là seront donc obligés d’écouler les produits à des prix amoindris pour éviter qu’ils pourrissent entre leurs mains, tout en espérant que leurs prochaines commandes ne seront pas compromises », observe le vice-président de la Nouvelle Opaco, Hamidou Mhoma. Il est important de rappeler que les produits sur le marché ne sont en rien concernés par l’aide du gouvernement.
En revanche, les commandes effectuées par les patrons ayant bénéficié du fonds de garantie s’élevant à plus de 5 milliards sont attendues pour février et mars. Se posera un autre problème auquel il convient de réfléchir dès maintenant. Les bénéficiaires des cargaisons financées par le crédit garanti par le gouvernement à un taux préférentiel (6%) pourront se permettre de revoir leur prix à la baisse pour écouler leurs stocks plus rapidement. « Ils avaient assez de fonds pour commander plusieurs conteners en même temps, et ce faisant, ont pu bénéficier de rabais auprès des fournisseurs, ils peuvent donc imposer un prix que ceux qui ne sont pas concernés par le fonds de garanti auront du mal à suivre »,insiste cet interlocuteur qui connait bien le milieu. Cette mise en concurrence des opérateurs ouvre une période de bombance pour des citoyens durement sollicités l’année dernière. Pour combien de temps ?