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Consommation courante I Comoriens recherchent poulet désespérément

Consommation courante I Comoriens recherchent poulet désespérément

Société | -   Faïza Soulé Youssouf

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Depuis quelques semaines, les Comoriens ont du mal à se procurer des produits carnés (viande rouge et volaille). La raréfaction de ces produits de première nécessité aura au moins permis de mettre en lumière une crise latente qui touche toute la chaîne. Les opérateurs économiques, les agents maritimes et les pouvoirs publics se renvoient la balle.

 

Les responsables de notre pays ne le réalisent peut-être pas mais il suffirait qu’aucun bateau ne livre de la marchandise durant un mois pour que nous manquions de tout», croit savoir un opérateur économique de la place. Celui-ci a été contacté par Al-watwan lundi 7 juin pour les besoins d’en savoir plus sur la raréfaction (la pénurie ?) de produits carnés qui perdure depuis plusieurs semaines.

Ce jeudi 10 juin encore, il était compliqué de se procurer des cuisses de poulet dans certains supermarchés de Moroni, pour d’autres, ce sont les ailes qui manquaient. Même chose pour la viande congelée. Les raisons expliquant ce manque sont nombreuses et révèlent une crise latente dans le milieu. Opérateurs économiques, agents maritimes et pouvoirs publics se renvoient la balle pour ce qui est des causes.En revanche, les deux premiers s’accordent à dire qu’une période difficile pourrait se présenter.

Des mesures temporaires particulières

Du côté du patronat, le manque de viande importée s’explique par plusieurs facteurs. Certains importateurs ont essuyé un important revers au dernier trimestre 2020 et sont frileux à l’idée de commander de la volaille.»L’Inrape a procédé à la destruction de beaucoup de containers d’ailes de grade B, les plus prisées par la population parce qu’accessibles, ce qui a entrainé une démotivation de certains opérateurs économiques, d’autant plus que la destruction de certaines cargaisons était fortement contestée», a fait valoir la présidente de la Nouvelle Opaco, Sitti Djaouharia Chihabiddine.


D’autres ont tout simplement préféré ne pas en commander «par peur de vendre à perte». En effet, traditionnellement, à la veille du mois sacré du ramadhwani, un arrêté ministériel fixe les prix des produits de base «dans le but de faciliter la vie du citoyen durant le mois sacré». Une mesure qualifiée de «populiste et d’illégale» par un grand importateur. «Cette mesure qui n’est pas concertée ne repose sur rien, aucun pays au monde..., n’agirait de la sorte», a-t-il encore pesté.


Dernier point soutenu par la Nouvelle Opaco pour expliquer les étalages vides dans les supermarchés parce qu’il faut savoir qu’il ne s’agit pas que de viande même si c’est celle-ci qui impacte le plus le citoyen national une demande très forte ailleurs, notamment en Asie, Europe et en Amérique du nord et les armateurs vont en toute logique là où il y a l’argent dans un contexte où nos ports ne cessent de péricliter avec des services limités, coûteux et longs. «Le débarquement de la marchandise est compliqué, le temps de déchargement a augmenté, les commandants perdent leur temps alors que dans ce milieu, plus c’est rapide mieux c’est», a insisté la présidente de la Nouvelle Opaco.

De 400 mille à 1,8 millions fc

Pourtant, dans le protocole d’accord signé en août entre les ministres en charge des Finances et celui de l’économie d’une part et diverses organisations patronales et syndicales, d’autre part, il a notamment été question, et c’est même le premier point du document, «des coûts et services du fret et du débarquement».
Dix mois plus tard, la lenteur du débarquement de la cargaison tant contestée par les opérateurs économiques et les transitaires se serait même accrue, malgré l’engagement des pouvoirs publics, ce qui justifierait la frilosité des armateurs à venir du côté de chez nous.


Et de fait, en mars dernier, ces agences maritimes parmi lesquelles Spanfreight Shipping, Sornav, Comores Maritime saisissent leur ministère de tutelle par voie de courrier dont nous avons une copie. Dans celui-ci, ils exposent à Djae Ahamada Chanfi «les anomalies constatées au niveau du port, parmi lesquelles, le traitement des escales de leurs navires et des facturations qui sont soumises à des pratiques inédites».


Mercredi encore, ils affirmaient n’avoir obtenu aucune réponse du ministre des Transports. Toujours est-il que les agents maritimes mettent en cause des ports qui n’en sont que de nom, «lesquels ne sont pas compétitifs, soumis au mauvais temps, assujettis à des risques lors du déchargement», a énuméré l’un d’entre eux. Et comme si cela ne suffisait pas, ils se plaignent également, notamment dans ledit courrier, «d’une multiplication de mouvements souvent non justifiés pour alourdir la facture définitive même si cela occasionne plusieurs retards» ou encore «d’une facturation de remorquage alors que les navires ne sont pas remorqués», dit-on, entre autres griefs reprochés à la Société Comorienne des Ports.

Si le ministre des Transports concède «qu’aucun investissement sérieux n’a été entrepris ces 20 dernières années pour améliorer l’attractivité des ports du pays tout en promettant que la modernisation fera partie des clauses de ceux qui en obtiendront la prochaine manutention», il s’inscrit en faux, en ce qui concerne le port, «d’une quelconque augmentation de ses tarifs depuis 1993». En revanche, «les armateurs sont passés de 400 mille à 1,8 million pour ce qui est du prix du conteneur», a-t-il accusé, même s’il reconnait que «du fait que les conteneurs repartent à vide, le fret nous revient plus cher».


Pour ne rien arranger, 180 conteneurs (de produits de première nécessité et autres) destinés à Ngazidja se retrouvent bloqués à Mutsamudu, les 2 bateaux appartenant à l’Asc (Chargé de la manutention au port à Ndzuani) assurant le transbordement entre les deux ports n’étant pas disponibles.Le président du Modec (organisation patronale), Mourad Bazi, plaide pour l’achat d’un porte-conteneur par les autorités comoriennes.

«Il servirait au moins à aller récupérer tous nos conteneurs laissés en rade à Longoni à Mayotte ou à Mombasa au Kenya, parce cette dépendance à des sociétés privées pour leur acheminement nous exposent à des risques non négligeables alors que pour vivre, nous dépendons très fortement de l’étranger avec des réserves de sécurité alimentaire quasi-inexistantes».

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