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Consommation courante I Le porte-monnaie du ménage en souffrance

Consommation courante I Le porte-monnaie du ménage en souffrance

Société | -   Maoulida Mbaé

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Alors que les Comoriens s’apprêtent à entamer le mois de ramadan, les prix des aliments de base flambent dans les différents marchés et commerces du pays. En particulier, les prix des produits alimentaires locaux ont récemment connu une forte hausse, mettant à mal le budget des ménages. Aucun produit n’est épargné par cette montée excessive et incontrôlée des prix, pas même le citron. Cette situation agace les consommateurs, qui pointent du doigt l’inertie des autorités sur cette question.

 

Les prix des denrées alimentaires semblent hors de contrôle. À Volo-volo, où une équipe d’Al Watwan s’est rendue le mardi dernier, il n’a pas fallu longtemps pour constater que le portefeuille d’un consommateur ordinaire se vide rapidement, sans même savoir ce qu’il a mis dans son panier.

Dans ce plus grand marché de la capitale, les tarifs des produits de consommation courante, notamment les produits locaux, s’envolent. Ainsi, le prix d’un fruit à pain atteint 1500 francs, un quartier de taro produit localement est vendu à 4 000 francs, tandis qu’un régime de bananes de six mains est affiché à 15 000 francs. Le kilo de tomates est quant à lui vendu à 2 500 francs, et celui d’oignons à 1 000 francs.


«Je suis venu acheter de la viande, car je ne suis même pas sûr de pouvoir m’offrir un fruit à pain aujourd’hui, alors qu’il pousse naturellement et ne demande aucun effort ni dépense. Je n’ai jamais connu une telle situation», avoue Ibrahim Majo, qui estime que la responsabilité de cette situation est partagée.

«Tout le monde est conscient de cette situation, en particulier les autorités chargées de réguler les prix. Celui qui vend du manioc sait que s’il le vend à 500 francs, il ne pourra pas acheter du poisson ou un kilo de riz à son tour.

C’est pourquoi j’ai dit que nous sommes tous responsables de cette situation», ajoute-t-il. «Les autorités concernées doivent prendre conscience que la vie quotidienne des Comoriens se détériore chaque jour davantage. Cependant, elles restent indifférentes à la situation, car quel que soit le prix fixé, elles disposent toujours des moyens pour faire leurs achats», conclut-il, amer.


Pour Billet, vendeur d’oignons à Volo-volo, « la flambée des prix des produits alimentaires locaux est logique étant donné que le prix des produits alimentaires de base importés, tels que le sucre et l’huile, ont augmenté ».

Il estime que les revendeurs n’ont d’autre choix que d’augmenter les prix pour pouvoir acheter à leur tour des produits de base, comme le sucre. « Voulez-vous qu’ils vendent leurs produits à bas prix, pendant que ceux qui sont dans leurs magasins maintiennent des prix inaccessibles à tous ? » ironise-t-il. Il ajoute : « Le riz, autrefois acheté à 7 000 francs, coûte désormais 11 000 francs.

Comment une personne peut-elle se permettre d’acheter un sac de riz de 25 kilogrammes pour nourrir sa famille ? »
Une autre raison avancée par Billet est la perturbation des approvisionnements due aux précipitations des derniers jours. En pleine saison, les cultivateurs fournissent 2 000 kg de tomates par jour, mais cette quantité a considérablement diminué. « Nous ne recevons que 200 kilos, ce qui est insuffisant pour des revendeurs comme nous », explique-t-il.


Même son de cloche pour Maman Bounaya, vendeuse de fruits et légumes à Volo-volo, qui appelle le gouvernement à agir rapidement pour éviter une détérioration supplémentaire de la situation, surtout à l’approche du ramadan.

« Les gens se plaignent du prix élevé de la banane verte, alors que les produits importés sont bien plus chers », rappelle-t-elle. «Combien de manioc dois-je vendre pour pouvoir acheter un kilo d’ail ou un kilo de sucre ? J’ai six petits-enfants à nourrir, mais le kilo de riz Onicor coûte 500 francs, le riz basmati 1 250, voire 1 500 francs, et un litre d’huile 1 250 francs», souligne-t-elle.


Pour Ramadhoini Ahamada, boucher, qui travaille également à Volo-volo, l’État doit intervenir auprès des opérateurs pour faire baisser les prix en gros, seul moyen, selon lui, de permettre une baisse des prix à la consommation.


« J’achète de la viande de bœuf à l’abattoir au prix de 3 250 à 3 500 francs le kilo. Je dois payer mes employés et les frais de transport. Tout cela doit avoir un impact sur le prix pour le consommateur, d’où le prix de vente à 4 000 francs pour la viande fraîche », explique-t-il.

«Comment puis-je acheter un article chez un grossiste à 50 francs et le revendre au même prix ? Cela n’a aucun sens», souligne-t-il.
En attendant, c’est le porte-monnaie des Comoriens qui subit de plus en plus durement cette situation.

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