Le prix du panier de la ménagère comorienne reste toujours en hausse. Le constat est évident dans tous les marchés, notamment de la capitale et d’autres grandes agglomérations du pays. Mardi dernier, dans la matinée au grand marché Volo Volo de Moroni, un tour des étalages des vendeurs des produits agricoles locaux nous laisse pantois.En dépit de l’animation habituelle des lieux, cris des marchands et bruits de moteurs des véhicules, l’ambiance demeure plutôt morose dans le quartier des vendeurs des produits agricoles. Ici, les occupants des lieux interpellent tout passant, avec leur insistance habituelle, à venir acheter leurs produits. Prenez donc la peine de vous arrêter et demandez les prix. A même le sol, nous voyons du manioc qui est étalé par tas de quatre tubercules. Le prix ? «C’est à 2.000 francs comoriens», nous répond-t-on. Il faut faire rapidement le calcul pour s’en rendre compte que chaque tubercule vous reviendra à 250 francs. C’est dire qu’en partant au marché, il faut vous munir d’un porte-monnaie bien garni avant de songer au panier, sinon vous retournerez à la maison avec un petit sachet sous la main.
Le cyclone Kenneth
En effet, les prix des produits agricoles sont bien en hausse. Au marché Volo-volo, les revendeurs cherchent à se faire une marge de bénéfices après avoir acheté auprès d’autres courtiers qui sont allés s’approvisionner directement chez les producteurs dans les campagnes. Et si le producteur achemine lui-même ses produits jusqu’au marché, il se trouve contraint de s’aligner sur les prix pratiqués. Il faut presque dix mille francs pour se procurer le minimum d’un repas journalier pour ceux qui veulent consommer des produits agricoles locaux. Paradoxalement, les produits vivriers y sont en abondance malgré le coût. Le seul décor triste du grand marché de la capitale reste les odeurs nauséabondes qui chatouillent les narines. L’hygiène y fait cruellement défaut.
Quant aux prix, ils sont fixés en fonction de la taille des produits. Ceux de petite taille, par exemple le manioc, le tas coûte mille francs, contre deux mille francs pour ceux de taille moyenne. Pour fixer les prix, mise à part la taille, c’est un décompte des produits qui s’effectue aussi. Pour les taros, et le manioc on fait un tas de quatre tubercules. Et ce décompte va également pour la patate douce et la banane verte. Pour le fruit à pain, exposés sur une étale du marché, deux petits fruits à pain se vendent à mille francs. Interrogée, une maman présente qui remplaçait la propriétaire des fruits à pain a expliqué que c’est parce qu’il en manque et c’est à cause aussi de Kenneth. Tous ces produits sont vendus à deux mille francs.
Pour les acheteurs, certains d’entre eux n’ont pas le choix, ils achètent. Mais d’autres, préfèrent passeren ignorant les appels des vendeurs. Pour maman Najdat, rencontrée au marché demandant le prix des taros, celle-ci a choisi de ne pas acheter à cause du prix élevé.
En plus des prix élevés, la qualité de certains de produits est mise en doute comme le cas du taro et du manioc. « Je n’achète pas parce que c’est trop cher, en plus je ne suis pas sûr qu’ils soient de bonne qualité», dit-elle. Pour la jeune Mariama, celle-ci décide d’acheter après quelques secondes d’hésitation et dit ne pas avoir le choix. «Après le passage de Kenneth, c’est compréhensible que les prix soient élevés même si c’est quand même ils sont trop chers, mais il n’y a aucune autre solution. Nous sommes obligés d’acheter», a-t-elle déclaré. Les vendeurs, quant à eux, chacun présente une excuse différente sur la flambée de prix des produits agricoles.
L’hésitation des acheteurs
«Vous ne voyez que nous, qui faisons les quelques ventes pour pouvoir acheter le repas du jour. Et vous savez très bien que les boutiques vendent trop cher aussi. Si nous vendons à ces prix, c’est pour pouvoir acheter dans les boutiques», a lancéune mèremécontente.
Solutions proposées
Par ailleurs, des propositions de solutions ont été faites par les acteurs du secteur pour remédier à ce problème.Et parmi ces propositions, il est prévu de multiplier les centrales d’achats de produits agricoles, une importation en Tanzanie et la vente des produits agricoles par kilogramme par les producteurs et revendeurs.
Le secrétaire général du ministère de l’Economie, Said Ahmed Said Toihir a expliqué qu’il ne s’agit que des propositions qui seront ensuite étudiées.
Bahiya Soulayman
et Thoueiba Mmadi Ali