L’on se serait tenté d’écrire qu’il n’y a aucun grain de riz à Ngazidja et au-delà. Dans les marchés et supermarchés de Moroni, cette céréale a disparu des étals. Le riz populaire et celui dit de luxe demeurent introuvables. «Cela fait 3 jours que je n’en ai pas mangé, à la place je mange du pain que l’on parvient difficilement à acheter après plus d’une heure d’attente», témoigne ce père de 4 enfants, répondant au nom de Ben Ali. Depuis 2 semaines, Binti Ibrahim habitant au dans le sud de l’île, cherche du riz sans succès. «L’on m’avait dit qu’il était disponible à Mdjankanywa, mais une fois sur place il était épuisé. Nous nous contentons de tubercules et de bananes dont les prix sont excessivement élevés en ce moment», déclare la jeune femme.
Une consommation moyenne mensuelle de 5.000 tonnes
Sur la route de Volovolo, les badauds ayant compris que nous étions des journalistes, se sont écriés, «nous voulons du riz, nous avons faim, dites au chef de l’Etat que c’est tout ce que nous voulons». Une cargaison de riz populaire est attendue jeudi prochain au port de Mutsamudu. «Il y aura 30 conteneurs, soit un peu moins de 1 000 tonnes, avec cette très forte demande, cette cargaison ne tiendra pas une semaine», croit savoir cette source. Une goutte d’eau dans l’océan tant la demande est forte. La situation pourrait revenir à la normale d’ici deux longues semaines. Il faut noter que la consommation mensuelle est d’à peu près 5 000 tonnes.Du côté du privé, un opérateur assure avoir déjà passé sa commande de Basmati au Pakistan. «Le délai de livraison est d’un mois mais avec les problèmes actuels, cela peut prendre 3 ou 4 mois. Sur le site de CMA-CGM, aucune indication quant à la date de livraison n’est indiquée», a dit notre source.
La pénurie de Basmati est inédite en Union des Comores qui s’explique par une saison marquée par des besoins immenses de ce produit. «Il y a eu une forte consommation de riz de luxe en cette période de grand-mariage à cause du manque de riz ordinaire», a-t-il fait remarquer.Il est vrai que l’on utilisait du Basmati pour le djeleo (festivité coutumière où l’on distribue au village où a lieu le grand-mariage) en lieu et place du riz populaire dont l’Onicor détient le monopole de l’importation. Les plus chanceux arrivent à se procurer la précieuse céréale mais à quel prix ? Le prix est passé de 1100 francs à parfois 1750 francs le kilo de riz de luxe. A Fumbuni, au sud de Ngazidja ce mardi, le kilo s’écoulait sous le manteau à 2 250 francs.