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Construction en zone côtière I S’adapter ou interdire catégoriquement ?

Construction en zone côtière I S’adapter ou interdire catégoriquement ?

Société | -   Nazir Nazi

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Alors que les risques liés à l’érosion côtière augmentent aux Comores, les constructions illégales se multiplient aux abords du littoral, posant un dilemme entre adaptation et inobservation de la réglementation.

 

Le nombre de bâtiments exposés à des risques a augmenté, selon la Direction générale de la sécurité civile (Dgsc). Cette hausse est principalement due à la construction dans des zones interdites, plus précisément des zones côtières. Pourtant, dans la majorité de l’espace littoral, les terres sont progressivement envahies par la mer, un phénomène appelé érosion côtière, aggravée par les changements climatiques.


En dépit de la logique avancée par certains riverains et la course au littoral très fréquenté et très convoité, considéré comme une zone pourvoyeuse de ressources, «toute construction est considérée comme illégale et peut faire l’objet d’une démolition», selon la Direction générale de l’Aménagement du territoire, de l’urbanisme et chargée des Affaires foncières, seule autorité chargée de donner l’autorisation de construire.


Selon le responsable chargé des études et des projets au sein de la Direction générale de l’Aménagement du territoire, Ben Omar Atthoumane Tara, la réglementation exige une distance de 100 mètres séparant la mer à une infrastructure. Quant à la construction d’une route nationale, il évoque une marge de 25 mètres de la zone à pas géométrique, une marge de 15 mètres par rapport à une route régionale et de 10 mètres par rapport à une voirie. «En réalité, en matière d’urbanisation, on ne peut pas construire, quelle que soit une infrastructure d’habitation ou de développement à une zone à pas géométrique, surtout aux Comores. Malheureusement, nous n’avons pas la capacité de contrôler. Pour les zones à pas géométrique, dont les zones côtières et maritimes, il y a des conditions d’occupation et de légalité par rapport aux types de construction», indique-t-il. Face à cette situation, poursuit le chargé des études et des projets, la sensibilisation des risques liés au changement climatique est utile auprès des occupants qui, jadis, s’y installaient pour des activités maritimes malgré le fait que certains évoquent une question d’héritage.


Face à l’exposition croissante des populations côtières aux aléas climatiques et aux catastrophes naturelles, la Direction générale de la sécurité civile (Dgsc) propose «un ensemble de solutions concrètes». Au-delà de la mise en place de systèmes d’alerte précoce et des campagnes de sensibilisation sur les comportements à adopter en cas de catastrophes, plusieurs autres pistes sont actuellement à l’étude ou en cours de mise en œuvre. Le patron de la Dgsc, Soilihi Abdallah Rafick, reconnait les habitudes et le problème social poussant les gens à se rapprocher de la mer, mais il reste convaincu qu’il est temps de penser à l’adaptation. «S’adapter en mettant des outils qui vont les protéger notamment les digues, les enrochements. C’est à partir du nouveau plan d’urbanisation mis en place que l’on pourra procéder à la protection des riverains et les zones côtières», propose-t-il.

Plans d’adaptation

Rappelons que parmi les risques retenus pour 2025-2026 dans la stratégie nationale pour la réduction des risques de catastrophes (Snrrc 2024- 2030), remise au chef de l’Etat au mois de septembre dernier, la submersion marine et l’inondation figurent sur la liste des aléas majeurs. Cependant, une question demeure : l’incapacité de la direction de l’aménagement du territoire à contrôler efficacement les zones à risque n’est-elle pas un facteur aggravant de cette urbanisation anarchique ? À défaut d’une stratégie claire et de moyens renforcés, le danger augmente pour des milliers de riverains, pris entre la mer qui avance et les batiments qui se multiplient.

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