Épargné depuis un an au moment où les autres matériaux de construction connaissaient une flambée, le ciment est rattrapé cette fois-ci par la conjoncture économique mondiale. Dans le pays, la population commence déjà à constater une hausse du prix du ciment. La tonne a atteint 95 000 fc, alors qu’avant, elle ne dépassait pas les 80 000 fc. Soit donc une augmentation de 18%.
Dans les régions situées loin de Moroni, des entreprises ne vendent pas au-dessous des 95 000 fc si ce n’est pas carrément 100.000fc. Selon nos informations, la situation est encore pire dans les îles. À Ndzuani par exemple, un sac de ciment se vend à 5000 fc. “Actuellement, dans les magasins, le prix de la tonne est à 110 000 de nos francs avec livraison. Pire encore, on en trouve pas aussi facilement”, a indiqué un commerçant spécialisé dans le secteur du BTP, qui se trouve sur place avec qui nous nous sommes entretenus. Un autre citoyen a avancé l’intervalle de 90 à 100 000 francs pour les 20 sacs de ciment.
Certes, la situation économique mondiale y est pour quelque chose, mais de nombreux revendeurs en profitent aux dépens de la population, regrette Fahar Aboudou, gérant de l’entreprise Batipro & Co. “Nous sommes tous impactés par l’inflation mondiale qui, à notre niveau se caractérise plus par l’augmentation du prix du fret à l’international. Cependant, chez nous, on a décidé de supporter une partie de cette flambée pour ne pas trop impacter la population, en baissant nos marges. Mais cette mesure n’est pas appréciée par les concurrents, qui nous accusent de détruire le marché”, a relaté, Fahar Aboudou.
Guerre en Ukraine
Son entreprise a pris l’initiative de vendre la tonne à un prix qui se situera entre 85 et 87.500fc y compris la livraison dans la zone Moroni, Itsandra et Bambao. Pour le reste du pays, ça ne dépasse pas 90 000fc a-t-il fait savoir. Pendant ce temps, certaines entreprises livrent jusqu’à 100 000 francs. “ Beaucoup refusent de revoir les prix hélas. On espère que le ciment baissera au prochain bateau”, espère le gérant de Batipro & Co qui assume fièrement sa stratégie.
A Mwali, le prix de la tonne au magasin est à 95 000 fc comme à Ngazidja. “Mais avec le transport et le déchargement, il atteint les 100 000 fc”, a confié une habitante. Officiellement, aucune explication n’a été donnée par les autorités. Mais certains opérateurs économiques affirment que cela est lié à la guerre en Ukraine à l’origine de l’envolée de l’inflation de la plupart des produits. C’est même le facteur évoqué par le président du mouvement des entreprises comoriennes (Modec). “Les matières premières et le pétrole ont grimpé. Ce n’est un secret pour personne. Automatiquement les répercussions se feront ressentir dans les produits finis et le transport”, a révélé Mourad Ali Bazi. A l’entendre, les impacts de cette guerre ukrainienne ne vont pas s’estomper de sitôt. “Chez nous, les solutions existent pour limiter l’impact socio-économique de la guerre”, a-t-il ajouté.
