«Nous continuons à discuter avec la France sur d’autres domaines de notre coopération, il y a des divergences de vue sur certains aspects de la question de Mayotte, chaque partie défend ses propres intérêts mais le dialogue n’est pas rompu avec la France», a déclaré hier le ministre des Affaires étrangères au cours de sa traditionnelle conférence de presse mensuelle. Souef Mohamed Elamine a laissé entendre que l’Etat comorien «ne cautionnera jamais les expulsions», balayant ainsi les vraies-fausses informations d’une capitulation et d’un abandon de la mesure prise le 21 mars dernier par les autorités comoriennes interdisant l’accueil des Comoriens refoulés à Mayotte.
«Nous n’avons rien lâché. Les discussions se poursuivent, rien n’a changé, nos positions sont maintenues», a précisé le ministre, expliquant que si certains d’entre eux arrivent par petits groupes c’est peut-être «parce qu’il n’y a pas pour l’instant des moyens pour contrôler les réseaux et filières illégaux» qui organisent ces expulsions et dont certains sévissent dans les eaux territoriales comoriennes.
Les réseaux et filières illégaux
«Qui peut contrôler toutes ces filières 24h sur 24h», interroge le ministre. Il a ainsi fait part des discussions organisées il y a quelques jours au Quai d’Orsay avec la partie comorienne. «On n’a pas que la question de Mayotte, la France et les Comores peuvent discuter autre chose comme la coopération bilatérale», a éclairé Souef Mohamed El-Amine. Le patron de la diplomatie annonce dans la foulée «un grand projet d’insertion des jeunes» porteurs de projet et qui sera probablement financé par la France.
Au cours de cette rencontre avec la presse, le chef de la diplomatie comorienne a annoncé l’arrivée «d’une délégation multisectorielle de haut niveau «des Emirats arabes-unis à la fin du mois de ramadan pour une mission de prospection économique.
Une mission de prospection économique des Emirats
Le chef de l’Etat, Azali Assoumani, avait été reçu la semaine dernière par le prince héritier des Emirats ainsi que le vice-premier ministre. «Ce sont les fruits de la visite du président aux Emirats, il appartient maintenant au secteur privé comorien de se mobiliser à son tour pour en tirer profit et développer les capacités du pays à absorber les investissements qui seront à notre portée», a souligné Souef Mohamed Elamine, annonçant «de nombreux projets et programmes identifiés notamment dans les secteurs de la pêche, du tourisme et de l’énergie”, avec la possibilité d’offrir à l’Union des Comores environ 40 mégawatts en énergie solaire.
Le ministre a fait part de l’ouverture des Comores vers des pays anglophones, expliquant que «des travaux sont en cours» et que «des commissions mixtes y travaillent», notamment, pour connecter le pays avec les Nations anglophones afin de «tirer le maximum d’opportunités en matière de formation et d’échanges scientifiques dans divers domaines». Pour lui, le pays ne doit pas se fermer sur son carcan traditionnel et faire perdre à sa jeunesse les opportunités qui s’offrent à elle. «Tous les pays seront les bienvenus», dit le ministre.
Rapprocher les deux Soudan comme on envisagé avec les deux Corées
«Nous y réfléchissons comment amorcer des partenariats fructueux avec nos voisins et avec tous les pays membres de la Sadc et du Comesa», a précisé encore Souef Mohamed El-Amine visiblement déterminé à s’y mettre pour pousser les Comores à s’inspirer du modèle rwandais. Palestine, Soudan du Sud, Birmanie, Syrie et Corée du Nord, le chef de la diplomatie comorienne se félicite des efforts de la communauté internationale, à travers ses missions de bons offices, visant à régler certains conflits, à consolider la paix et à éradiquer tous les réseaux terroristes. Il a appelé plus d’efforts pour mettre fin aux injustices dont subissent certaines minorités comme les Rohingyas et plaide pour le rapprochement des deux Soudans comme cela se fait avec les deux Corées.