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Contre le nouveau virus coronaire I Il ne devrait plus y avoir de place au relâchement !

Contre le nouveau virus coronaire I Il ne devrait plus y avoir de place au relâchement !

Société | -   Hassane Moindjié

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Au point où nous sommes, tout relâchement et toute posture statique équivaut à attendre que le loup, qu’on voit roder dans les parages immédiats, entre effectivement dans la bergerie avant de penser à aller acheter son fusil.

 

Dans la mesure où tout le monde convient qu’en l’absence de toute autre arme de combat, la parade majeure – pour ne pas dire l’”unique”1 – est, essentiellement, d’ordre gestionnaire, il faut bien admettre que toute navigation à vue et tout retard à l’allumage dans les choix stratégiques peuvent avoir des conséquences désastreuses.
Pour être efficace, cette irremplaçable “stratégie gestionnaire” doit être menée dans la plus grande transparence avec comme objectif de gagner la confiance de la population au risque de ruiner les quelques acquis enregistrés jusqu’ici. Nous devons, parallèlement, à apprendre humblement auprès de celles et ceux qui sont ou ont été au feu. Enfin et surtout, elle nous enjoint à éviter toute impression de tâtonnement et, pire encore, d’hésitation dans son application.
Face à un ennemi planétaire insaisissable qui nous pousse à nos derniers retranchements, jusqu’à fermer nos mosquées, nos églises et nos synagogues, les pays et les peuples ont, certes, besoin d’expérience, de vaillants personnels de santé et de maintien de l’ordre, mais ils doivent, surtout, pouvoir se fier à des choix stratégiques adaptés, à la capacité du citoyen à s’auto-discipliner et, peut-être avant tout, à l’endurance et à la fermeté infaillibles des pouvoirs publics dans leur application. Cela en ayant à l’esprit que la moindre concession peut conduire à notre perte.

Nul ne maitrise rien

En effet, un relâchement prématuré dans les dispositions comportementales recommandées jusqu’ici (gestes barrière et de distanciation sociale, peut être, chez nous comme ailleurs, à l’origine de nouveaux départs, de “nouvelles vagues” ou, encore, d’émergence de cas “surprises” de contaminations au covid-19. Cela doit, donc, nous inciter à redoubler de rigueur, la seule arme efficace dont nous disposons jusqu’ici. A ce propos, l’erreur fatale serait, dans la conception des actions à mener, de se préparer à l’attaque tout en se laissant convaincre qu’on n’aura pas à attaquer, ou encore d’ériger des Murailles de Chine entre un “stade” de la riposte et un autre. Cela équivaudrait, en effet, à attendre que le loup, qu’on voit roder dans les parages immédiats, entre effectivement dans la bergerie avant de penser à aller acheter son fusil.
Il s’agirait, là, d’une erreur d’autant moins compréhensible que, jusqu’ici, l’évolution en dents de scie des courbes de la propagation de la pandémie, notamment en Europe, les “nouvelles vagues” qu’elle fait craindre ailleurs en Asie, ainsi que les difficultés au niveau de la recherche ne laissent aucun doute sur le fait que, pour l’heure, nul ne maîtrise rien dans cette crise.

Attention, relâchement !

Chez nous, la tentation de relâchement est réelle. En effet, les pouvoirs publics semblent se contenter – pour ce qui est des attitudes barrière et de distanciation sociale – des mesures prises les tous premiers jours du déclanchement de la riposte2. Un peu comme si on s’est laissé convaincre qu’“à ce niveau on a fait tout ce qu’on devait faire et qu’on pouvait, désormais, se contenter de voir venir”. C’est ce qu’on constate dans l’observance du programme d’accès à certains marchés du pays et, plus nettement encore, aux poissonneries à même le sol et aux points de baignade improvisés, spécialement, le long de la zone littorale du centre-ville de la capitale, Moroni.
A un moment où à Londres, par exemple, des conducteurs dans le transport en commun continuaient à être contaminés au covid-19 alors que la fréquentation y avait baissé de plus de 80%, que sur notre propre territoire, à Mayotte, les chiffres augmentent de manière exponentielle et qu’à nos portes tout notre voisinage est affecté, il n’est pas superflu de rappeler que dans ce combat à mains nues notre seul allié c’est la rigueur dans l’application des décisions prises, notre adversaire, la promiscuité et que nous ne pouvons pas nous permettre le moindre relâchement.
A ce niveau, il faut rendre hommage au ministre de l’Education nationale qui a su, dans son soucis tout à fait compréhensible de rouvrir les écoles, et prenant en compte la difficulté de mettre en place les indispensables mesures barrière dans les établissements scolaires, a rappelé que cet agenda pouvait être revu “en fonction de l’évolution de la situation… à… l’intérieur comme à l’extérieur” du pays3.

Place centrale

Désormais, notre souci majeur doit être, aux côtés du dispositif sanitaire plutôt complet (N° 01/20) rendu publique par le Comité scientifique, de mettre en place immédiatement un dispositif sans concession de réduction des occasions de regroupement, que ce soit dans les écoles, les marchés, les mosquées et, plus que tout, dans le transport en commun. A propos de transport en commun, on comprend difficilement comment le rôle central que ce secteur peut tenir dans la stratégie générale et les conséquences désastreuses auxquelles peut entraîner une mauvaise appréciation de ce rôle, aient pu échapper, jusqu’ici, à la direction de la riposte. En effet, non seulement les transports collectifs – qui continuent à être bondés dans l’indifférence générale – “présente un risque important de propagation du virus”4, comme l’avertit le Comité scientifique, mais ils tiennent, par ailleurs, une place centrale dans le flux tant redouté et parfois “non indispensable4 vers les lieux d’attachement ou de regroupement. Il faut, à ce sujet, espérer que la recommandation à “règlementer”4 le secteur sera rapidement entendue.
On ne le dira jamais assez : à défaut de disposer de thérapie opérante, il n’y a que le confinement et les restrictions liées aux gestes barrière et de distanciation sociale qui peuvent permettre de barrer la route à la pandémie ou de limiter sa vitesse de propagation. Ne pas se les imposer revient à ouvrir grandes les portes au virus et à la maladie.


Madjuwani hassan

 

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