Lancée samedi dernier à Fomboni par la police nationale, l’opération de contrôle des cartes d’identité a provoqué de vives réactions sur l’île de Mwali. Les habitants, peu habitués à ce type de procédure, oscillent entre inquiétude et méfiance, tandis que les autorités invoquent l’urgence sécuritaire. Le principal motif invoqué en faveur de cette mesure par le ministère de l’Intérieur est la montée préoccupante de l’insécurité. Un officier de police rencontré au commissariat de Fomboni rappelle que «la semaine dernière, un corps a été retrouvé dans une fosse septique en ville, puis une autre victime sans vie dans un caniveau, à proximité d’une forêt à Wanani, dans la région de Djando». Si les enquêtes sont encore en cours pour déterminer les circonstances de ces décès, la police estime que «porter une pièce d’identité partout est désormais indispensable».
La situation est d’autant plus sensible que Mwali est devenu un point de passage pour des migrants venus d’Afrique continentale cherchant à regagner Maore. C’est dans ce contexte que l’opération, suspendue deux jours, a repris hièr mercredi 20 août, avec pour objectif d’identifier les personnes en situation irrégulière. Lors de la première phase, de nombreuses personnes ont été interpellées sans carte d’identité. «Nous les avons libérées en fin de journée, mais avec obligation de régulariser leur situation. Nous avons relevé leurs coordonnées et nous savons où les retrouver», a indiqué une source au sein de la police. Selon la même source, la majorité des étrangers contrôlés, principalement originaires de Madagascar, auraient depuis entamé les démarches de régularisation.
Mais la mesure continue de diviser. Si certains citoyens considèrent que «renforcer les contrôles est une nécessité, quelles que soient les origines», d’autres dénoncent une procédure lourde et coûteuse. À Djwaezi, Mouktafi souligne le poids financier de la démarche. «Pour obtenir une carte d’identité, il faut payer 1 500 francs pour l’extrait de naissance, 3 000 pour le certificat de résidence et 6 000 pour la carte elle-même. Sans compter les frais de transport jusqu’à Fomboni. C’est beaucoup trop. Le gouvernement devrait réduire ces frais et permettre aux habitants de déposer leur dossier directement dans leur préfecture d’origine ou de résidence», estime-t-il.