Dans un arrêté en date du 29 janvier dernier, le gouverneur de l’île de Ndzuani, Anissi Chamsidine, a décidé de suspendre «tout mouvement de bateau de transport de passagers en provenance de Mayotte», et cela «jusqu’à nouvel ordre», et «en attendant une évaluation effective de la situation épidémiologique du Covid-19 dans l’île de Ndzuani». Le gouverneur enjoint «la police frontière, la garde-côte, la gendarmerie et les services portuaires» à veiller à «l’exécution du présent arrêté».
Au lendemain de la publication de cet arrêté, le gouvernorat a sorti un communiqué précisant les motivations de cette décision. Dar-nadjah y explique que «dans la gestion de la deuxième vague de la pandémie de la Covid-19, la suspension des entrées et sorties entre les îles est un moyen nécessaire pour maitriser la propagation de la maladie». Il y explique également que «l’éclosion concomitante d’une flambée à Mayotte (…) à laquelle il faut ajouter les manquements et les défaillances dans les transports maritimes au départ de Mayotte est un risque d’aggravation de la situation épidémiologique des autres îles sœurs».
Interrogé par Al-watwan le samedi par rapport à l’approbation ou non de cette décision par le gouvernement central, le secrétaire général du gouvernorat de Ndzuani, Abdoulhamid Afretane, a répondu que «jusqu’à présent nous n’avons pas reçu d’objection». Il a ajouté que le gouverneur a pris cette décision «par nécessité», étant «le premier responsable de l’île» et ayant constaté que «les gens sont en train de mourir».
Mais si les hautes autorités n’ont pas ouvertement opposé leur désapprobation à cette mesure du gouverneur, l’arrêté de ce dernier n’a toutefois pas été suivi d’effet, du moins le jour même. Car ce même samedi 30 janvier dans l’après-midi, l’un des bateaux de la compagnie maritime Sgtm (Société générale de transport maritime) a été accueilli au port de Mutsamudu avec plus d’une centaine de refoulés de Mayotte. Certains croient savoir, à tort ou à raison, qu’il s’agissait «d’une indulgence légitime» des autorités de l’île à l’égard responsables de la compagnie qui n’avaient pas vraisemblablement eu connaissance de la décision.