Depuis deux semaines, la ville de Moya, au sud-ouest de Ndzuani, vit sans électricité. Plusieurs autres localités de cette région se plaignent également d’avoir trop de délestages, qui ont des répercussions graves sur le quotidien des abonnés de la Sonelec, la Société nationale d’électricité des Comores.
Une hausse du prix du poisson
Les groupes électrogènes fonctionnent à plein régime, pour pallier aux délestages. Et les gens se précipitent pour envahir les maisons qui s’éclairent à l’aide de ces générateurs de secours pour recharger leurs téléphones. Finalement , certains se font voler les chargeurs ou trouvent d’autres téléphones à la place des leurs ; ce qui provoque des querelles. Les délestages provoquent aussi des dégâts matériels dans les foyers, mais aussi dans les services publics.
Beaucoup de ménages se plaignent de ces coupures fréquentes d’électricité qui grillent leurs appareils. «Ce qui me fait mal est le fait que l’on ne peut pas poursuivre devant la justice la Sonelec quand les appareils sont grillés», déplore Ahamadi Saindou, client de cette société qui fournit l’électricité dans le pays.
Malgré les discours d’assurance des responsables de la Sonelec-Anjouan pour qui les intempéries ont causé des dégâts sur le réseau, nombreux sont les clients de la société qui rêvent d’utiliser un autre moyen de fourniture de l’électricité. «Je souhaiterais installer des panneaux solaires pour m’éclairer, mais le prix est élevé en ce moment et je dois me résigner à continuer à être client de la Sonelec», affirme un autre abonné de la société publique.
Les services publics ne sont pas épargnés par les conséquences néfastes des coupures de courant à Ndzuani. Un employé d’un média public nous raconte que la Sonelec a déjà grillé du matériel coûteux dans sa station. Les vendeurs de produits carnés sont obligés de jeter leurs produits pourris conservés dans les congélateurs.
Les pêcheurs haussent le prix du poisson quand il n’est pas possible de le garder au froid. «Sonelec est à l’origine de l’inflation de ce pays. Cette société va dire que les intempéries ont détruit le réseau. C’est la même chose, intempéries ou pas », nous dit un client de Sonelec à Niumakele.«Rien ne changera dans cette société», déclare, un ton fataliste, un enseignant qui a du mal à faire ses préparations la veille de ses cours. « Si le problème du courant électrique n’est pas résolu dans ce pays, l’économie sera sérieusement affectée », souligne-t-il. Par ailleurs, beaucoup disent ne pas toujours comprendre pourquoi il y a plus de courant électrique dans la capitale que dans les zones éloignées, même si, à plusieurs reprises, l’actuel directeur régional de la société, Claude Ben Ali, a expliqué que «c’est à Mutsamudu où se concentre l’essentiel de l’activité économique de l’île».
Par Issoufou Abdou goli