Trois ans d’emprisonnement ferme sont la peine infligée à Mohamed Ibrahim, 24 ans, étudiant en sciences économiques et sociales à l’université des Comores, pour l’homicide involontaire sur sa copine, Fahma Ahamada, âgée de 20 ans. Cette décision a été prise à l’issue d’une audience tenue hier, lors de la dernière journée de la session 2020 de la Cour Assises.
Ces faits qui ont conduit cet étudiant de M’vuni devant cette juridiction criminelle remontent au 2 septembre 2019. Poursuivi pour “homicide volontaire”, devant la Cour, l’étudiant a rejeté ces accusations, a plaidé non-coupable en soutenant la thèse selon laquelle il ne s’agit pas d’homicide, mais plutôt de suicide. Pour appuyer son argumentation, l’accusé a déclaré à la Cour que la jeune femme s’est rendue dans sa cabane, “pour lui parler du harcèlement sexuel que lui faisait vivre son beau-père”.
Selon toujours ses déclarations, après avoir parlé des problèmes familiaux de la victime, les deux amants ont couché ensemble à deux reprises. Toute de suite après, la jeune femme a fouillé son téléphone et elle est tombée sur des messages intimes venant d’une autre femme. “Elle s’est mise en colère, j’ai pris le téléphone et j’ai commencé à effacer les messages pour la rassurer et montrer qu’ils n’avaient pas d’importance. Elle a pris un couteau qui était sur le lit et se l’est enfoncé dans l’abdomen”.
Pour éclairer la Cour, le président de la séance a fait venir un chirurgien afin d’apporter des explications par rapport à la blessure et son emplacement car le certificat médical établi fait état d’une blessure ouverte de 3 cm avec une profondeur de 7 cm. Ladite blessure a endommagé le rein gauche de la victime. Interrogé sur la possibilité d’un suicide, le chirurgien a expliqué que cela pourrait être probable, toutefois, pour toucher le rein, il faut plus d’effort, car cet organe est placé loin. Il ajoutera que quand on ouvre le ventre, on ne voit pas les reins.
Cette thèse du suicide n’a pas convaincu la Cour et les jurés, qui ont également rejeté les faits d’homicide volontaire retenu par le parquet. Lors de la délibération, la Cour a disqualifié les faits d’homicide volontaire en homicide involontaire et a retenu l’article 306 au lieu de l’article 279 visé par le parquet. À l’issue de cette délibération, Mohamed est déclaré coupable d’homicide involontaire. Interrogé sur cette décision, le procureur général a expliqué que la Cour a parfaitement la latitude d’agir de la sorte. Il n’y a pas eu d’aveux pour soutenir l’homicide volontaire, le jury a été convaincu qu’il ne s’agit pas de suicide, c’est pour cette raison que c’est l’article 306 qui a été appliqué.
Quant à la partie civile, Me Mohamed Nassur Saïd Ali, a déclaré à la presse que cette décision n’est pas totalement décevante dans la mesure où la thèse du suicide a été écartée. “L’accusé est reconnu coupable et condamné, cela me soulage un peu”. Du côté de la défense, Me Youssouf Mohamed Hassane s’est réservé de tout commentaire.