Mardi 24 juin, la cour d’assises qui a siégé à Moroni a jugé une affaire d’homicide volontaire. A la barre, deux jeunes de Ntsudjini, poursuivis après la mort de Raim Ali, originaire de Hantsambu. Dans son délibéré, rendu après plus d’une heure d’attente, la cour a condamné Elback Youssouf, l’auteur de l’homicide volontaire, à la peine capitale, suivant ainsi les réquisitions du parquet général.
Les faits se sont produits le 27 août 2024. Le jeune Saïd Youssouf, inculpé pour complicité, a lui, été acquitté. « En tant qu’avocat, ce n’est jamais facile d’avoir un client condamné à mort. Mais nous accueillons la décision avec intérêt. On espère qu’elle ne sera pas exécutée mais se transformera en peine administrative comme il arrive souvent. Mais cela rentre dans les compétences du chef de l’Etat », a réagi Me Mohamed Abdremane Hilal.
Devant les membres de la cour, le principal accusé, Elback, aujourd’hui âgé de 21 ans, habillé d’un boubou bleu foncé, a écouté attentivement l’acte d’accusation, lu par le greffier en chef. Dans sa déclaration, ce dernier a donné les éléments de base entourant l’homicide. Sur place, il a été rapporté qu’Elback, alias Mkenya, était en état d’ivresse avant de commettre l’acte. Puis, le président de la cour lui a demandé s’il a bel et bien poignardé Rahim Ali, l’auteur a répondu par oui.
Une seconde tentative
Dans son récit, l’accusé a donné des détails de son emploi du temps de ce jour-là, ainsi que les raisons de sa présence à cet évènement. «L’organisateur du concert m’avait sollicité pour assurer la sécurité. J’ai aidé à installer la scène et les instruments de musique, notamment la sonorisation. Le soir, une fois à l’intérieur, je suis sorti dehors chercher mon téléphone », a raconté Elback qui, au moment d’entamer la description des derniers instants précédant la mort de Rahim, il a commencé à pleurer, pendant près d’une minute. Tout au long des débats, l’accusé a prétendu ne se souvenir de rien, affirmant au passage qu’il n’aurait appris son acte que le lendemain.
Néanmoins, il a reconnu avoir consommé de l’alcool (un « 12 ») avec des amis, d’abord vers 22h, puis tard dans la soirée. Pendant les débats, l’on a appris qu’avant de donner la mort à sa victime, poignardée près de la clavicule, Elback avait été aperçu avec un couteau assez grand, avant d’être maitrisé. C’est après une autre tentative de vouloir forcer l’entrée, sans le bracelet qui servait de billet, qu’il a poignardé Rahim, 23 ans, employé de la société de sécurité Janus. Quant à Saïd Youssouf, son présumé complice de 17 ans, acquitté, il a nié être amis avec Elback. « Il m’avait remis sa sacoche et l’a récupéré quelques minutes plus tard, je ne l’avais d’ailleurs pas ouverte », s’est-il défendu, à un moment où son co-accusé assurait avoir reçu l’arme du crime de ses propres mains.Même si son client a reconnu les faits, en plus d’être en état d’ivresse au moment des faits, Me Mohamed Abredermane Hilal a souligné qu’Elback n’avait pas commis cet acte avec préméditation. Quant aux réparations de 50 millions réclamés par la partie civile, avec exécution provisoire de la moitié du montant, la cour n’en a accordé que 15 millions de francs.