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Cour d’assises à Mutsamudu I Le meurtrier de Mounayya Daoud condamné à la peine capitale

Cour d’assises à Mutsamudu I Le meurtrier de Mounayya Daoud condamné à la peine capitale

Société | -   Sardou Moussa

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L’auteur a été accusé d’enlèvement sur la personne de Samra Nizar, âgée de sept ans à l’époque des faits, et d’enlèvement, viol et homicide volontaire sur une autre enfant, Mounayya Daoud, neuf ans, dont le cadavre a été retrouvé dans la forêt de Koni-Djodjo le 26 mai 2020.

 

L’affaire la plus attendue de la deuxième session des assises, ouverte depuis le lundi 27 juin au palais de justice de Mutsamudu, a été jugée avant-hier mardi. C’est celle qui opposait le ministère public au dénommé Bacar Ali, un homme d’une vingtaine d’années, originaire de Koni-Ngani.


Ce dernier a été accusé d’enlèvement sur la personne de Samra Nizar, âgée de sept ans à l’époque des faits, et d’enlèvement, viol et homicide volontaire sur une autre enfant, Mounayya Daoud, neuf ans, dont le corps a été retrouvé dans la forêt de Koni-Djodjo le 26 mai 2020. Bacar Ali a été reconnu coupable de tous les chefs d’accusation qui étaient retenus contre lui, et a été condamné à la peine capitale, à l’issue d’une longue journée d’audience.


Les faits remontent au 23 mai 2020, à Koni-Djodjo. Bacar Ali, éleveur et maçon marié à l’époque à une proche parente des deux enfants, propose à ces dernières de l’accompagner au champ, pour “aller attraper des cabris”. Les enfants l’y accompagnent, à l’insu de leurs familles. Il rentrera seul, les enfants seront dès le soir déclarées disparues, mais il ne dira rien, et participera au contraire aux recherches lancées par les villageois. Après quelques jours de recherches, Samra sera retrouvée errant dans le bois, épuisée. Le corps de Mounayya sera déniché sur une pente abrupte plongeant dans un profond ravin, retenu par des arbres.

Le jeune répondait aux questions avec impudence

Dans cette affaire, une quatrième personne, Misbahou Djamalate alias Babahou, du même âge que Bacar Ali, a été citée comme complice de ce dernier dans le viol et le meurtre, mais cette personne est décédée en juillet 2021 à la prison de Koki, pendant sa détention provisoire.


Tout au long du procès, et malgré les témoignages versés (deux garçons de quinze ans ont affirmé qu’au terme de trois jours de recherches, c’est lui qui a directement conduit un groupe de villageois jusqu’à l’endroit où gisait le cadavre) à son dossier, ainsi que les aveux contenus dans ses déclarations lors de l’enquête préliminaire et lors de l’instruction (il a, le 26 mai 2020 devant les gendarmes et les pères de Samra et Mounayya, reconnu avoir emmené les deux filles hors du village), Bacar Ali a rejeté toutes les accusations formulées contre lui.


L’homme, de caractère insouciant, répondait aux questions des juges brièvement, avec impudence, parfois par des questions destinées à faire diversion. Comme lorsque le président de la cour lui demande s’il connaît la shahada (profession de foi musulmane), il répond : “Me l’as-tu appris ?” Le procès de Bacar Ali a, par ailleurs, eu ceci de cocasse que les avocats de la défense, commis d’office, n’ont pas vraiment défendu leur client, au contraire.

Une demande d’allégement des peines

En effet, si le premier a dit “regretter le comportement de Bacar Ali pendant l’audience”, lequel s’explique, selon lui, par “son jeune âge qui le rend inconscient des charges qui pèsent sur lui”, et a, par conséquent, demandé un “allègement des peines requises par l’avocat général contre lui”, son deuxième avocat s’est lancé dans un quasi-réquisitoire contre son client. “Bacar Ali n’a fait aucun effort pour nous aider à accomplir notre travail. Il a même été un peu arrogant. S’il avait vraiment voulu être défendu, sa famille est aisée, elle aurait du nous payer pour cela. Et d’ailleurs je demande à cette cour qu’il est temps que l’on cesse de coller des avocats commis d’office aux accusés. Désolés, nous laissons le soin aux juges de prendre leur décision”, a-t-il dit.


Toutes ces remontrances n’ont toutefois pas entamé l’attitude désinvolte de l’homme qui a violé, battu à mort puis balancé du haut d’une falaise une fillette de neuf ans, il y a deux ans.Et même quand le président de la cour, un homme plutôt avenant, lui a demandé avec insistance son dernier mot, Bacar Ali est resté silencieux plus d’une minute avant de daigner répondre : “Je demande un allègement de la peine, c’est vous qui verrez, je suis jeune”.

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