Après les sessions de juin et juillet, le tribunal de Moroni accueille une troisième session de procès devant la cour d’assises. Ouvert samedi, ce dernier volet s’étendra jusqu’au 6 octobre, selon le procureur général près la cour d’appel, Ali Mohamed Djounaid. Le magistrat a précisé qu’au total, trente-deux affaires seront jugées ces jours-ci, dont deux criminelles. Les autres concernent des agressions sexuelles.Excepté trois acquittements prononcés ce lundi, les autres accusés ont tous pris des lourdes peines pouvant aller jusqu’ à 10 ans de prison ferme. C’est le cas de Mhadji Hassani alias Chanazi, qui comparaissait pour l’agression de la fille de sa belle-sœur. Ce père de famille est accusé d’avoir à plus de deux reprises, touché des parties intimes de la victime, qui n’est rien d’autre que l’enfant de la sœur de son épouse. Il aurait également forcé une fellation chez la petite de huit ans. «Les faits se seraient produits courant 2024 à Dzahani la Tsidje», d’après le greffier en chef qui lisait l’ordonnance de mise en accusation.
Boubou blanc et bonnet traditionnel, l’accusé a juré qu’il ne commettrait jamais de tels actes. Pour sa défense, il a plutôt accusé la mère de la victime « d’inventer une histoire pour le salir ». Mhadji Hassani a invoqué le motif de la jalousie. « La première fois que j’ai demandé un mariage c’est chez elle. Depuis, cette dame n’a jamais avalé mon union », s’est-il défendu devant la mère de la victime, invitée à la barre pour éclairer la cour. Son avocat, Me Abdillah Mmadi, a estimé dans ses plaidoiries que son client n’était pas coupable. «Sinon le parquet aurait dû nous présenter des éléments de preuves. C’en est rien. Il s’agit tout simplement d’une jalousie de la maman. La famille n’a jamais apprécié mon client. On l’a même forcé à divorcer de sa femme le 14 novembre 2024, alors qu’il se trouvait en détention à la prison de Moroni», a affirmé l’avocat de la défense.
Dans la chambre
Pourtant, la petite, selon sa maman, avait l’habitude de se rendre chez sa tante quand sa mère sortait. «Un certain vendredi, je lui demande de se préparer pour que je l’emmène rejoindre ses cousins. Elle refusa ajoutant que ce n’est pas à cause des autres qu’elle ne veut pas se rendre mais plutôt le père. C’est à ce moment-là qu’elle m’a tout raconté», a détaillé la maman, en pleurs.L’accusé laissait ses enfants dans la boutique et conduisait la victime dans sa chambre. « Après les révélations de ma fille j’en ai tout de suite fait part à mon oncle puis à ma sœur. Son mari n’a pas nié devant elle», a ajouté la maman.Face au déni de l’agresseur, la cour a autorisé la victime à venir témoigner. Le jury a demandé à cette dernière si elle connaissait l’accusé et si ce monsieur lui a «fait subir des choses». En pleurs, l’enfant a hoché la tête en guise de confirmation avant d’être autorisée à quitter la salle. Dans son réquisitoire, le parquet avait plaidé pour l’application des articles 301 et 302 du code pénal avant de requérir 15 ans de prison ferme ainsi qu’une amende de 1 million de francs.